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Sucré d'Etat - Roland Mesnier, Christian Malard


Lord Ruthven

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Dans la catégorie "rien 'n’est impossible", Roland Mesnier se pose là. Fils d'une modeste famille Franc-Comtoise, Roland Mesnier entreprend assez tôt de devenir pâtissier et rentre donc rapidement en apprentissage. De là, se considérant lui-même en état de stagnation, on lui conseille de quitter la France pour approfondir ses connaissances. Ce sera donc l'Allemagne, où il vivote tant bien que mal, ne parlant pas un mot d'Allemand. Puis l'Angleterre, où, bien que ne parlant pas davantage la langue, il échoue presque par hasard dans un des plus prestigieux hotel de l'époque, le Savoy. S'ensuivent les Bermudes, où la largeur de son talent associé à la petitesse du territoire lui font rencontrer une belle notoriété (et toute pâtisserie mise à part, sa femme). Enfin, les Etats-Unis et là, une offre d'emploi incroyable pour notre frenchie : Mme Carter, la First Lady, cherche un pâtissier !

 

N'y croyant même pas lui-même, Roland Mesnier finira par être embauché comme pâtissier à la Maison Blanche, en 1976. Il y restera jusqu'à sa retraite, aboutissement d'une carrière où il se sera occupé de l'estomac de 5 Présidents successifs, sans compter leurs invités souvent prestigieux.

 

L'ouvrage est très intéressant, mais assez curieux. Peu de révélations croustillantes (héhé !), pas d'analyse de la politique d'untel ou untel. C'est un livre sur les coulisses de la Maison Blanche sans être un livre sur les bruits de couloir. On apprendra ainsi de Reagan que c'était un gros gourmand (et moins raide que sa femme, avec qui il fallait marcher à la baguette), de Clinton qu'il était allergique à tout un tas de choses, que Jimmy Carter aimait la bonne bouffe...Quand à Bush Fils, il est décrit comme un homme simple (et non pas simplet) et chaleureux.

 

C'est bien (co)écrit, mais il faut un minimum de gourmandise pour apprécier et se plonger dans les processus de fabrication des différents desserts, décrits parfois avec un secret frustrant. C'est un peu dommage de ne pas avoir de photos des réalisations, cela aurait pu permettre de se donner une idée de leur extravagance (certains avaient l'air bien monstrueux).

 

Roland Mesnier nous raconte son boulot pas comme les autres, les petites manies et grandes exigences de ceux qu'il a servi pendant 25 ans, et se fend de quelques anecdotes plus ou moins plaisantes : le Prince Charles, complètement perdu face à un sachet de thé . Le comportement indigne de l'entourage de François Mitterrand, alors en visite à la Maison Blanche. La poigne de fer de Nancy Reagan. Une cuite mémorable à la suite de laquelle l'intéressé se retrouva, il ignore toujours comment, endormi dans les toilettes pour dames.

 

Le bonhomme a du franc-parlé, une bonne dose d'autocritique -qui passe un peu pour de l'autocongratultion, mais qui est en fait la fierté du travail bien fait- et nous gratifie de quelques jeux de mots savoureusement foireux. Un bon livre à déguster.

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