Aller au contenu

Spetters - Paul Verhoeven - 1980


Jeremie

Messages recommandés

 

 

Revu tranquilou hier soir après trois/quatre ans et force est de constater que je m'en souvenais très bien...à tel point que je vais garder le même avis tiens

 

Rien, Eef et Hans sont trois amis liés par la même passion du moto-cross : Rien est le champion local, Eef est un réparateur de génie qui ne peut pas s'empêcher de racketter les homosexuels, et Hans est un gentil looser toujours derrière. Leur vie va se retrouver bouleversée par l'arrivée en ville de Fientje, une vendeuse de frite au caractère bien trempée et à la beauté éclatante. Son ambition et ses formes vont rapidement leur faire connaître tour à tour déchéance et révélation...

 

Contrairement à beaucoup, je ne peux pas m'empêcher de préférer une fois de plus Turkish Delight dans la même période, sans doute parce que ce Spetters est parasité par des éléments qui me font décrocher assez rapidement de ce que je vois (la toile de fond liée au moto-cross en l'occurrence), ce qui n'empêche pas Verhoeven de composer une histoire brillante et d'une cruauté à l'acidité toujours d'actualité. A vrai dire, que le film se passe de nos jours ou dans les années 80 importe finalement peu...

 

Il y a comme d'habitude chez Verhoeven une maîtrise sans fard du sujet, de la caméra (c'est bien filmé sans jamais être démonstratif), un équilibre surprenant entre l'énergie et la mélancolie, l'humour (j'adore cette scène où les deux couples font semblant de forniquer, juste séparés par un mur ) et la gravité (

le destin tragique de Rien faisant écho à celui de l'acteur, qui se suicidera deux ans plus tard)

et une lucidité dans les réactions humaines qui l'écarte de toutes productions mainstream (Rien ne se gêne pas pour dégager sa copine...puis se débarrasser une fois de plus de Fientje, sans parler de la scène de viol, qui ne répond pas à un choix de punition mais plutôt de "divertissement"). On appréciera aussi quelques belles cascades et des radios saturées de tubes 80/70's (Blondie, Trojan Horse, Abba...).

Comme beaucoup de monde le sait, le film passa très très mal en Hollande, où on l'accusa d'être misogyne, homophobe, anti-handicapés, anticlérical...ça fait beaucoup Mais l'expérience trouvera son lamentable écho bien des années plus tard, avec un certain Showgirls, aux States cette fois...

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Ben tu n'as pas perdu de temps à le revoir

J'ai relu l'entretien avec Verhoeven sur ce film dans l'excellent livre de Jean Marc Bouineau: je le retranscris pour ceux que ça intéresse:

 

"J'étais dans un état d'esprit qui me dictait de foutre en l'air les stéréotypes et de me conduire comme un sauvage. J'avais suivi une progression logique avec turkish delight, cathy Tippel et soldier of oranje et là j'avais besoin d'une cassure. je voulais revenir à la poussière et à la boue redescendre sur terre pour capturer la vie comme elle présente réellement à nous. Mon attitude était juste conduite par un seul but: tout casser autour de moi! C'est ce qui en fait un film si agressif. Je voulais que tout le monde en soit malade....Et c'est d'ailleurs ce qui est arrivé car ce fut un sacré scandale en Hollande et partout ailleurs.

 

C'est film vraiment provocateur, surtout la version intégrale avec la viol collectif, toutes ces érections etc...On se renseignait beaucoup avant de tourner...L'assistant réalisateur était homosexuel et pour la scène du viol homosexuel, je lui avais demandé comment cela se passait et il m'avait répondu que généralement les homos s'éjaculent sur les fesses mais que je ne pouvais pas montrer cela. J'ai répondu que si c'était ainsi que cela se produisait, nous le montrerions de cette manière et pas autrement. Nous pouvions tout faire car nous voulions tout faire, c'était un sentiment puissant. Personne ne montrait d'érection ou d'éjaculation et c'était une raison supplémentaire pour le faire! J'étais un jeune homme en colère mais il n'y a que l'état d'esprit du film qui soit réellement agressif, tout comme celui de Mad Max, le reste est plus classique. C'est la même provocation avec le même but: montrer ce qui ne l'était pas auparavant!

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

 

C'est film vraiment provocateur, surtout la version intégrale avec la viol collectif, toutes ces érections etc...On se renseignait beaucoup avant de tourner...L'assistant réalisateur était homosexuel et pour la scène du viol homosexuel, je lui avais demandé comment cela se passait et il m'avait répondu que généralement les homos s'éjaculent sur les fesses mais que je ne pouvais pas montrer cela. J'ai répondu que si c'était ainsi que cela se produisait, nous le montrerions de cette manière et pas autrement. Nous pouvions tout faire car nous voulions tout faire, c'était un sentiment puissant. Personne ne montrait d'érection ou d'éjaculation et c'était une raison supplémentaire pour le faire! J'étais un jeune homme en colère mais il n'y a que l'état d'esprit du film qui soit réellement agressif, tout comme celui de Mad Max, le reste est plus classique. C'est la même provocation avec le même but: montrer ce qui ne l'était pas auparavant!

 

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

L'assistant réalisateur était homosexuel et pour la scène du viol homosexuel, je lui avais demandé comment cela se passait et il m'avait répondu que généralement les homos s'éjaculent sur les fesses

 

Il est un peu con Verhoeven quand même.

 

C'est le souci du détail qui l'animait comprends-tu (même si en fin de compte on a pas eu droit à la fontaine blanche).

 

Sinon, une affiche italienne qui...euh...une affiche italienne quoi

 

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 3 weeks later...

Une autre anecdote ma foi sympathique sur la scène de la fellation homosexuelle :

 

Pour cette scène; Verhoven avait engagé deux prostitués. Quand il cria "Coupez !", les deux hommes se tournèrent vers lui, furieux que le "client" n'ait pas eu le temps de jouir.
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 1 year later...

Premier Verhoeven période hollandaise que je matte (enfin y'a eu Black Book mais ça compte pas vraiment) et je suis mitigé. C'est chaotique, hystérique, sans réel fil conducteur... Du coup je me suis pas mal ennuyé ou alors carrément décroché à certains moments. Le score est particulièrement daté (ringard même ) et inaudible en 2012.

Sinon on sent le Paulo enervé, révolté et ça fait plaisir. C'est glauque et déprimant malgré cette fin qui donne une petite lueur d'espoir, mais surtout le sujet est universel et toujours d'actualité.

 

Verdict parce-que putain c'est dur à suivre et que j'ai bien vu les deux heures défiler quand même !

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Si longueurs il y a, je n'en ai aucune souvenance, tellement le film fut un gros choc viscéral pour moi, un putain d'uppercut si je puis m'exprimer ainsi, un concentré de haine, de violence, de cruauté, du naturalisme hardcore et punk comme le voulait Verhoeven...un chef d'oeuvre, quoi.

Ce qui me fait dire que Verhoeven ne m'a jamais, mais alors jamais déçu, contrairement à beaucoup de cinéastes que j'adore quand même (Dante, Spielberg, De Palma, Zemeckis, Carpenter, etc etc). J'ai du mater le très décrié Hollow Man au moins trois fois, et je ne m'en suis jamais lassé, même ce film, je trouve que c'est du pur Paulo !

Ce mec est unique et plus que précieux.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Ah mais moi non plus j'ai jamais été déçu par Paulo ! J'ai vu tous ces films période us et je les adorent tous même Hollow Man qui est une putain de série b ultra joussive. Showgirls est un pur chef d’œuvre qui mérite d'être réhabilité !

C'est pas que j'ai pas aimé Spetters, juste qu'il m'a décontenancé, je ne m'attendais pas à ça et il faudra

peut-être une seconde ou plusieurs visions pour que je le considère comme un Faut dire aussi que j'ai matté une copie pas top avec des sous-titres anglais. Pas des conditions idéales quoi...

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 1 year later...

Enfin vu.

 

Avais peur, c'est un mot, que Rutger prenne trop de place avec sa belle crinière blonde; ce n'est pas le cas du tout. Casting, d'inconnus pour moi, excellent. Destructeur et optimiste, colle si bien à son époque, un poil donneur de leçon pour la minime touche critique. Voilà, tout bien.

 

Score impressionnant de Ton Scherpenzeel dont ce film a l'air sa seule composition non télévisuel.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 1 year later...

Enfin découvert hier, et bonne grosse claque pour ma part également ! J'ai trouvé déjà (et c'est un bonheur rare de nos jours) que le film ne ressemblait à rien d'autre. On oscille entre plein de genres, plein de thématiques, sans que l'un ou l'une ne vienne écraser l'autre. C'est donc riche, fort, choc, trash, mais aussi fin, drôle, juste, acide. Paulo fait à peu près tout exploser, la famille, le couple, le futur, les idoles, sans retenue, mais avec toujours une justesse, de ton, de rythme, de choix esthétiques, narratifs. C’est vraiment du grand cinéma, j'imagine la gueule des gens qui se sont pris ça par surprise il y a 35 ans ! Premier Verhoeven hollandais que je mate, et direct grosse envie de voir le reste

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 3 years later...

La copie HD est bien chouette si le bluray de Kino est zoné, ce n'est pas le cas du bluray-allemand, qui a des st anglais. Reste à savoir qui se décidera enfin à ressortir les Paulo période hollandaise chez nous...en tout cas c'est le seul à être passé à la casserole ailleurs.

Le film se bonifie avec les visions pour ma part : je n'ai pas une quelconque sympathie pour les perso masculins (en même temps, pas sûr que ce soit l'idée de base ) mais j'adore le perso de Fientje, la femme Verhoevienne comme on l'aime. Drôle de se dire aussi que le film ferait encore bien chier les gens aujourd'hui

 

Le thème instrumental du film

9vkF1EGOjGQ

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 11 months later...

J'ai craqué pour l'édition BFI blindée de bonus. Je commence à lire le livret de 30 pages avec une ingterview récente de Verhoeven et une longue introduction de Soetman où il raconte entre autre que le nom et le caractère de Fientje viennent de sa tante qui durant la 2ème guerre a parcouru en vélo toute la Hollande jusqu'en Allemagne pour sortir son mari blessé d'un camp de prisonnier et l'a ramené jusqu’en Hollande sur l'arrière de la bicyclette.

Paulo raconte comment à Sundance dernièrement il est passé du mec branché du festival après la projection de Robocop au pestiféré quand à la demande générale il a projeté le lendemain un des films hollandais et qu'il a choisi Turkish Delight. Hate de voire l’interview d'une heure de Jost Vacano. Un sacré poulot à faire rougir Carlotta et wild side.

 

 

En bonus: Paulo face à un homo remonté contre le film:

A0R0Uep39Tk

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...