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Le monde est à toi - Romain Gavras - 2018


Jeremie

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François trempe dans des petits deals à la noix depuis des années. Coincé par une mère experte voleuse, le jeune homme rêve d'une vie tranquille et d'une entreprise de Mister Freeze au Maroc (??!). Mais pour ça, il faudra d'abord accepter un dernier deal en Espagne...

 

Belle affiche, beau teaser, bon casting, buzz bien charpenté au dernier festival de Cannes : bref je suis allé voir le nouveau Gavras les yeux fermés, ayant beaucoup aimé Notre jour viendra, qui était un bel exemple de comédie WTF qui s'amusait à taper sur tout ce qui bouge. Là, on grimpe d'un quart dans l'ambition, avec une intrigue parfois proche du thriller, plus de têtes connues...y'a un côté anti-Scarface pas trop mal vu, où en gros, tout le monde (ou presque) ramène ses rêves à une banalité mi pathétique, mi touchante (comme ce gros braquage du début pour un gentil toutou). Sauf que voilà, ça n'en fait pas un bon film pour autant...

 

Je comprends pas du tout l'engouement sur le film tant j'ai trouvé ça absolument pas drôle dès le début, on sent même que ça cloche. Seule naufragée pour moi : Adjani en voleuse de haut standing, qui se réserve peut-être les meilleures répliques ("il a attendu 15 ans derrière les barreaux, il peut attendre 15 minutes sur le palier"). Leklou est pas mal, avec un physique assez atypique, plein de colère rentrée qui n'explose jamais, Cassel change de registre, spamal mais on fait vite le tour du perso (et le running gag avec les illuminatis, pitié stop)...mais pour le reste, c'est un festival de kailleras (le duo qui accompagne le héros est insupportable) et de gros cons (Damiens qui fait du Damiens, Oulaya qui nous refait Divines...). On note quand même que les noirs du film sont soit : des racailles/des truands/des immigrés qu'on maltraite. Génial.

On sent que Gavras veut rendre le beauf beau, comme chez Korine, filmant l'Espagne bling bling comme du Refn, mais on s'en tape, puisque tout le monde paraît antipathique et que le récit manque franchement d’énergie. On peut sauver aussi le perso de la gamine, assez inattendu.

 

Je vois pas trop la bonne comédie populaire vendue partout, avec encore une énième histoire de "dernier coup qui dérape". Y'a de beaux plans aériens, mais la real n'offre rien de bien excitant, la b.o balance du son à l'emporte pièce : on utilise Africa de Toto n'importe comment, par contre Balavoine se voit offrir une belle place à la fin (la seule scène réussie du film ?). Bref, ça va encore parler dessus, tout le monde kiffe. Tant mieux, tant pis.

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  • 2 months later...

Alors je me reconnais complètement dans l'avis de Jérémie, pour les mêmes points, les mêmes "comparaisons", la même vision globale, néanmoins, sans crier au génie ou à la réussite, j'ai plus apprécié que lui !

 

Formellement, il y a quand même beaucoup de bonnes choses à se mettre sous la dent. Je trouve que Gavras arrive à bien retranscrire cette ambiance et à créer du sublime dans le pathétique, à ce titre la comparaison Refn à Benidorm est très juste. Plus globalement, il y a d'ailleurs beaucoup de Pusher dans ce film, un Pusher qui aurait un budget conséquent, mais avec le même fond de loose pathétique mettant en scène des persos de gangsters minables, tous plus cons les uns que les autres. A ce titre, je te rejoins sur l'aspect antipathique des 2/3 des persos. Même si ça colle parfaitement à la réalité pour pas mal (tous les petits dealers merdiques de cité qui ont pour seul horizon la thune, la BM, le dernier survet du PSG), bon, ça aide pas à accrocher au film. Le premier 1/4h du film m'a fait très peur, heureusement, par la suite arrivent des persos un peu plus intéressants. Comme toi, je sauve Adjani et Cassel. Moins convaincu par le principal, même si ce côté bovin dépassé est voulu, bon, sur la durée, ça aide pas à rentrer dans le film....

 

En fait, l'ensemble est très bordélique, à l'image de sa BO comme tu le dis, mais jamais maitrisé. Ça a les qualités de ses défauts, et il reste quelques beaux moments, la gamine de l'écossais en effet, certains passages avec Cassel, Adjani, certains plans aériens. Je pense que Gavras a un peu le cul entre deux chaises entre le côté "Je vais montrer ce que donne une génération d'abrutis pour qui la vie c'est Scarface et faire du biz" et le fait qu'il soit fasciné par tout ce monde, qu'il aime aussi Scarface, qu'il veut pas non plus dire que tous les jeunes de banlieue sont des cassos, mais bon, au final, je crois que lui-même se perd un peu dans ces dédales de contradictions et que le film s'en ressent.

 

Voilà, au final un truc bancal, mais où j'ai quand même trouvé des fulgurances, des choses intéressantes. J'ai pas trouvé le temps long, c'est chatoyant à l'oeil, donc je suis qd même content de l'avoir vu, et malgré un bilan en demi-teinte, je trouve pas ça complètement vain ou raté.

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  • 10 months later...

J'ai trouvé ça bien, mais pour moi ce n'est effectivement pas une comédie.

Par rapport à l'accusation de bordel, j'ai plutôt ressenti le travail à l'américaine sur le scénario, chaque détail débouchant sur un pay off

 

 

ex : les Zaïrois qui braquent les dealeurs croisés devant le tribunal viendront braquer les dealers. L'écossais qui avait peur du narco-terrorisme finira accusé de narco-terrorisme,etc.

 

 

ce qui fait qu'on n'est jamais perdu dans cette histoire où se croisent de multiples intérêts. Concernant la stupidité des personnages, elle est malheureusement je pense assez réaliste. Le perso de Vincent Cassel au cerveau rongé par les vidéo youtube, les petits dealers qui rêvent de se trahir, ça sonne absurde et en même temps vrai.

 

Je trouve le film triste essentiellement sur son sujet. L'histoire d'un gars banal plongé depuis ma plus tendre enfance dans le monde du crime et qui aimerait bien en sortir, quitte à devenir un petit patron franchisé.

 

 

Le plan final, avec sa femme qui menace des intermédiaires, sa micro piscine, et Balavoine, est méga glauque. En même temps, c'est ce qu'il voulait : se couper de son monde, et recommencer une vie loin du crime. Il y a un côté Trainspotting : trahir ses "amis" pour un futur incertain, sachant que le futur qui était promis n'allait nulle part de tout façon

 

 

Plastiquement c'est beau, avec une fascination pour l'architecture monumentale des grands ensembles. De la banlieue à la cité balnéaire, le même béton affreux et aliénant.

 

C'est pas un grand film, mais c'est mieux que le film de frimeur auquel je m'attendais venant de Romain Gavras.

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  • 3 years later...
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