Aller au contenu

Antiviral - Brandon Cronenberg - 2013


kevo42

Messages recommandés

Pas de sujet donc je copie - colle l'article que j'ai publié ici : http://kevo42.free.fr/?Antiviral-Brandon-Cronenberg

 

 

 

Premier film du fils de David Cronenberg, Antiviral a fait le tour des festivals. En France, je l’avais raté à l’étrange festival, mais j’ai réussi à le voir aux Utopiales de Nantes, excellent festival de science-fiction. Le film sort ce mercredi : le temps est donc venu de vous dire ce que j’ai pensé de ce premier film pas complètement réussi, mais pas non plus dénué de qualités.

 

De quoi ça parle ?

 

Dans un futur proche, la fascination pour les vedettes a franchi un palier. Il ne s’agit plus d’admirer les vedettes, ni d’en apprendre toujours plus sur leur quotidien : il faut vivre ce qu’elles vivent. Or quoi de plus intime que de partager leurs maladies ? Sur ce principe sont construites des cliniques rivales, qui récupèrent les maladies de vedettes sous contrat, leur impose une sécurité anti-piratage, et les revendent à leurs clients. Syd March, l’un des employés de cette industrie, contrefait ces maladies pour le marché noir, en se les injectant puis en les extrayant à nouveau. Une activité dangereuse à plus d’un titre.

 

p4hV0lWqYew

 

De la science-fiction sérieuse.

 

L’époque est actuellement à un retour de la science-fiction au cinéma, ce qui est une bonne nouvelle à n’en pas douter. Toutefois, les vrais amateurs ne sont pas toujours convaincus : rares sont les films qui respectent vraiment le genre. Des films avec des vaisseaux spatiaux, des explosions, des super-héros, des batailles de robots, il y en a. Des films intelligents sur le devenir de la société, il y en a peu. Blade Runner, Bienvenue à Gattaca, Solaris sont des longs-métrages qui prennent le genre au sérieux et sont devenus cultes.

 

 

Antiviral se situe dans leur lignée en proposant une vision du futur qui découle directement des dérives de notre époque. Si certaines vedettes sont admirées pour leur vie en miette, comme Loana, Lindsey Lohan, ou Charlie Sheen, pourquoi la passion n’irait pas jusqu’à s’approprier leur maladie ? Il ne suffit pas de dire : comme Britney Spears, j’ai eu un divorce douloureux et on m’a privé de la garde de mes enfants. On a envie de dire qu’on partage les mêmes bactéries, que nos corps sont frappés des mêmes malédictions : créer une intimité qui n’est pas juste de surface, mais interne et physique.

 

Bien sûr, une telle histoire marche mieux sur le plan métaphorique, car je ne suis pas certain que des fans soient assez fous pour récupérer l’herpès d’une star. Ceci dit, il suffit de fréquenter un peu les pages commentaires de n’importe quel site internet (sauf ce forum) pour perdre toute confiance en l’humanité et rendre crédible n’importe quel point de départ potentiellement absurde.

 

 

Le fruit ne tombe jamais loin de la branche.

 

Comme vous avez pu le comprendre en lisant le titre, Brandon est le fils de David Cronenberg. La filiation est évidente dans ce premier film. En parlant de maladies, le jeune cinéaste se raccroche directement au thème de la mutation de la chair qui est devenu la tarte à la crème lorsque l’on parle du Canadien déviant. Le film est centré sur les traces de l’évolution de la maladie sur le héros : la morve, le crachat, le sang. La conclusion, cynique à souhait, pousse très loin l’idée de fusion entre homme, chair, et machine, dans une image quasi-finale particulièrement repoussante.

 

Formellement, on est plus proche du Cronenberg actuel que des débuts. Le film est très sérieux, trop même, certainement. Le rythme est lent et clinique, à base de plans fixes très composés. Les décors sont assez vides, et majoritairement blancs : que ce soit à la clinique, mais aussi chez le héros, tout est immaculé. Le contraste avec le sang qui suinte des corps en est évidemment renforcé.

 

http://kevo42.free.fr/IMG/jpg/Antiviral_salle_d_attente.jpg

 

Un premier film pas inintéressant mais un peu ennuyeux

 

Antiviral n’est pas à proprement parler un film de fils de. La réalisation est intéressante, certains plans très réussis, et on n’a pas l’impression à assister au caprice d’un enfant gâté. Toutefois, au-delà d’une influence trop flagrante, même si légitime, Antiviral peine à convaincre totalement pour un défaut tout bête : le film manque de rythme.

 

En effet, l’histoire n’est pas assez dense. Elle n’explore pas assez ce monde pour rendre totalement crédible un point de départ aussi extrême (en plus de cloner les maladies, la science permet aussi de se greffer des bouts de peau, ou de manger de la viande de célébrité). Si la fascination pour les vedettes existe bien de nos jours, elle se fait sur un mode un peu ironique. Les fidèles lecteurs de Voici ou Public le sont pour la proximité (je connais les vies des stars) mais aussi et peut-être surtout pour l’aspect désacralisant (tiens, untelle a des bourrelets, tel autre s’est fait tromper par sa femme) qui nous rassure : même les stars ont des vies pourries. Or le film est si sérieux qu’on a l’impression que tout le monde est fasciné au premier degré, jusqu’à l’extrême, par des icônes vides : on ne saura jamais qui est vraiment Hannah Geist, la vedette au centre du film, ni ce qu’elle fait. D’ailleurs son nom marque son aspect spectral, Geist voulant dire esprit, fantôme en Allemand.

 

 

 

Elle n’est pas non plus assez riche en rebondissement pour garder le spectateur éveillé. Le film joue sur des éléments de suspense, mais n’en fait pas grand chose. Le film suit le rythme d’un personnage malade et de plus en plus apathique. On a l’impression que Brandon Cronenberg a surtout envie de montrer son personnage cracher du sang, se traîner lamentablement, dans des scènes longues et détaillées. Pas sûr que ce soit très populaire.

 

 

Et alors, c’est bien ?

 

J’ai vu Antiviral dans le cadre du festival des Utopiales et il me semble typiquement appartenir à un tel cadre. Le film est plutôt fauché, et essaie de le cacher en optant pour des choix de réalisation très marqués. Toutefois, l’ennui qui s’empare peu à peu du spectateur nous rappelle petit à petit que l’auteur n’a rien de véritablement fascinant à nous montrer, et que le film aurait facilement pu durer une demi-heure de moins.

 

Un gentil petit film, donc, pour lequel une sortie directe en vidéo n’aurait pas été scandaleuse.

 

On gardera quand même le côté positif en se disant qu’il s’agit là d’un premier film assez prometteur, avec quelques belles scènes.

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

J'en suis sorti avec une grosse nausée.

Longtemps que je n'avais pas été remué comme ça par un film. Antiviral a de gros défauts, mais il a réveillé en moi quelque chose de vraiment fort... Cette idée de la maladie virale (quelque chose d'apriori "étranger", impartial), vue sous l'angle de l'échange hyper-intime entre deux êtres.

 

Je ne sais pas si le film touche à un tabou universel, ou si je me suis découvert un tabou que j'ignorais porter, mais je suis sorti d'Antiviral assez bouleversé. Le film n'est pas génial, mais porte une idée vraiment puissante et originale.

 

Et les idées au cinéma sont quand même une denrée rare.

Rien que pour ça...

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 4 years later...

C'est imparfait, mais c'est totalement fascinant. L'univers clinique, l'atmosphère glaciale, le détournement tordu du star-system, l'acteur Caleb Landry Jones qui transpire le mal-être, de la nouvelle chaire.... alors oui, c'est le digne fils de son père, et c'est tant mieux.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...