"Scary Movie 5" est un film objectivement bringuebalant, tiraillé entre les ambitions relatives de Harvey Weinstein qui veut en faire un film à la Friedberg/Seltzer et de David Zucker qui veut en faire un vrai film. En effet, Weinstein va cette fois calquer son modèle de production sur celui des SEXY/BIG/VAMPIRE Movies qui ont une qualité essentielle pour un producteur : Ils ne coûtent pas chers et rapportent quatre fois leur mise. Ainsi Scary Movie 5, sous couvert de "reboot", est budgété à 20 Millions de dollars (deux fois moins que les précédents opus) et amputé de ses vedettes principales. Anna Faris tente de s'affranchir de cette étiquette et même les négociations avec les seconds rôles, Regina Hall, Anthony Anderson et Kevin Hart, font long feu. Durant deux ans, Dimension Films tente de convaincre David Zucker de revenir après la déception "Superhero Movie". Il refuse, essayant de monter un projet plus personnel. On peut facilement supposer qu'ils aient convenu d'un deal pour mettre son projet en chantier si le cinquième opus de la franchise comico-horrifique est un succès. Au cours de l'écriture, Weinstein leur impose des références à la pop culture, notamment aux "Real Housewives of Atlanta" (télé-réalité), à Madea (personnage populaire de Tyler Perry) et à "Ted", qui sont pour ces deux dernières des comédies, ce qui oblige Zucker à transgresser ses propres règles pour contenter le producteur en essayant d'impacter le moins possible le film (genre en les évacuant au bout de huit secondes, montre en main). Fin janvier et alors que la sortie du film est prévue pour début mars, Zucker et Proft écrivent 30 minutes de nouvelles scènes afin de remanier l'intrigue autour de celle de "Mama", succès surprise du début d'année, et de donner l'illusion que le film en est principalement la parodie. Dans le même temps est imaginée une séquence parodiant le remake d' "Evil Dead" alors que celui-ci ne sort qu'une semaine avant "Scary Movie 5" ! Ils repartent aussitôt pour deux semaines de tournage intense à plusieurs équipes (David Zucker et Neal Israel, vieux complice de Pat Proft) et sans Malcolm Lee, en pleine pré-production de son prochain film. Le re-montage du film explique que certains passages semblent gratuits alors qu'ils ne l'étaient pas à la base (comme la parodie de "50 Shades of Grey"), et aussi aussi les courtes apparitions de Heather Locklear et Molly Shannon. D'ailleurs, la parodie de Black Swan semble être accollée en parallèle du film (à part la scène rafistolée de l'accident) alors qu'elle en était bien le coeur. On peut lui reprocher un rythme inégal que l'on peut expliquer par une post-production chaotique mais peut-être aussi par le fait que les "Paranormal Activity" eux-mêmes n'ont pas un rythme des plus alertes. Aussi on peut se demander pourquoi être parti sur une parodie certes pertinente de "Black Swan", véritable succès mondial mais pas franchement chez les 12/17 ans de 2013, la cible principale du film. La violence physique paraît moins tomber comme un cheveu sur la soupe et est plus diversifiée que dans les précédents (même le bébé n'est pas épargné). L'humour absurde cartoonesque est il me semble aussi un peu plus prononcé (la montagne de pistolets, la série de possessions/dépossessions des éclopés religieux, la caméra de surveillance suspendue à un fil). Ceci dit, l'humour majoritairement régressif peut lasser à la longue, vous voilà prévenus. Néanmoins et au-delà des carences narratives qui peuvent définitivement rebuter, c'est un bon "Scary Movie" (perso, celui que j'ai le plus de plaisir à revoir) même si tout internet vous dit le contraire pour le moment. La petite fille de "Mama" est plutôt bien exploitée (cf : les gags de la guillotine et de la torture) et fait regretter qu'ils n'aient pas eu le temps de peaufiner davantage les passages supplémentaires. L'acteur parodiant Vincent Cassel vaut à lui seul le détour et la scène lesbienne est anthologique. Ashley Tisdale s'en tire très bien, même comparée à Anna Faris (bien qu'elle n'ait pas sa candeur attachante). Il semble évident que Zucker en a encore sous le coude. En rapportant presque quatre fois sa mise surtout grâce au marché international, "Scary Movie 5" pourrait ouvrir la voie à "Counter-Inteligence" (avec un "l"), une parodie à la "Y a-t-il un flic..." des films d'espionnage récents comme les franchises "Mission: Impossible", "Bourne" et "James Bond", avec probablement Charlie Sheen dans le rôle principal. En espérant que David Zucker puisse avoir cette fois les mains libres, même si rien n'est moins sûr.