Le Quatrième Homme ~ De Vierde man [Paul Verhoeven] Pays-Bas , 1983 Je n'avais jusqu'alors jamais vu un film de Verhoeven datant de sa période Hollandaise. Pour une raison qui m'échapppe, j'étais persuadé que ses films hollandais n'étaient pas fait pour moi (quel imbécile je suis). C'est donc avec appréhension et sans autre indication que le titre du film que je suis "entré" dans ce 4ème homme, et premièr constat après visionnage je ne le regrette pas du tout !! Si on m'avait dit un jour que je verrais un film qui conjuge les esprits tordus de David Cronenberg, David Lynch, Roman Polanski, Abel Ferrara, William Burroughs, Charles Bukowski ... et j'en oublie j'aurais signé de suite. Et le 4ème homme c'est tout ça et bien plus encore (comme me disait encore hier mon ami Denver le dernier dinosaure). Ce film est un monstrueux thriller/puzzle onirique, un labyrinthe étouffant bourré de scènes cultissimes (le réveil de gérard au début, le voyage en train, l'arrivé à la gare, les rêves de gérard, la découverte des films, la scène dans le cimetière, la fin !!!!!!) Chef-d'oeuvre. 6/6. 20/20. A++++ Synopsis + petit texte trouvé sur le site de cinécinéma qui diffuse le film en ce moment avec d'autre Verhoeven hollandais que je vais m'empresser de découvrir. Attention ca peut Spoiler la découverte de ce chef-d'oeuvre Christine (Renée Soutendijik, la Fientje de Spetters), est veuve de trois maris, Ge, Hank et Johan, victimes d’horribles accidents (un saut en parachute avorté, un lion affamé, un bateau chavirant). Est-elle aussi innocente qu’elle y paraît ou ne serait-elle pas la veuve noire, meurtrière après l’amour? Elle rencontre Gérard, un vieil écrivain porté sur la bouteille, catholique, homosexuel, qui craint d’être « le quatrième homme »… A moins qu’il ne projette sur elle ses propres hallucinations paranoïdes à l’égard des femmes aguichantes et castratrices pour masquer le vrai objet de ses désirs, l’amant de Christine, Herman, un splendide éphèbe… Ce thriller fantastique, est mué par des personnages majeurs : l’araignée prédatrice (la figure classique de la veuve noire meurtrière) et la mouche, la Vierge Marie miséricordieuse ; l’homme crucifié, et les trois victimes, présentées dans la clôture de la séance d’ouverture lorsque Gérard se réveille, agité de tremblements. Pour entretenir le doute sur la culpabilité de l’héroïne, Verhoeven combine des éléments relevant de deux traditions picturales différentes : l’hyperréalisme d’Edward Hopper et le surréalisme de Salvador Dali et de René Magritte. A noter, le cinéaste, étudiant, a peint lui-même des tableaux surréalistes, dont Femme assise nue qui rappelle le dos nu de Christine. Les visions de Gérard sont filmées aussi nettement que le réel, ainsi, en totale confusion avec le fantasme. L’utilisation de couleurs et d’objets symboliques achèvent d’abolir la frontière entre rêve nocturne et réalité de la lumière du jour. Il y a une telle profusion de symboles (la clé, la couleur rouge...) qui tendent à prouver le caractère maléfique de Christine, qu’ils semblent résulter d’une psychose télépathique. D’autant que les séquences horrifiques sont filmées avec une certaine ironie, comme pour se moquer des peurs de Gérard, marqué par le syndrome de la page blanche. Lors de la séquence d’émasculation, il se réveille brutalement ; c’est un cauchemar (l’idée du « double réveil », empruntée au Loup garou de Londres (1981) de John Landis). Christine vend des cosmétiques Dalila. Comme Dalila a émasculé Samson, est-ce son intention ? En fait, c’est Gérard qui séduit Christine pour approcher le vrai objet de ses désirs, Herman. Quand il joue au voyeur (une séquence sexuelle entre Christine et son amant), sa culpabilité (il est catholique) engendre une série de cauchemars punitifs. Gérard sait qu’il a commis un péché mortel (séduire la jeune femme, la salir pour accéder à son homme). Il s’est piégé lui-même dans la toile de ses désirs, il est cette veuve noire qu’il redoute. Et ainsi, au terme de son chemin de croix qui épouse les formes du voyage mental, il se condamne à mort. Très différent du style réaliste des films précédents de Verhoeven, "Le quatrième homme", étrange, angoissant, nouvelle exploration de la manipulation de la foi des hommes, mise en abîme de la toute puissance masculine, splendide portrait de femme fatale (des thèmes que le cinéaste revisitera dans Basic Instinct) et également une réflexion sur le processus de la création, cumule les influences : Bunuel, Bergman et bien sûr Hitchcock. A noter, on retrouvera Jindra Markus, auteur de l’œuvre sidérante dont "Le quatrième homme" est adapté, comme premier assistant réalisateur sur "La chair et le sang".