Aller au contenu

Drive - Nicolas Winding Refn, 2011


Kerozene

Messages recommandés

Sacré Winding Refn, on ne l’arrête plus !

 

Le voilà qui accède encore au niveau supérieur en signant un remarquable thriller urbain atmosphérique et bien sec aux entournures.

 

Drive.

 

J’aime bien le côté ultra basique du scénario : un braquage raté, un butin encombrant, des poursuites en bagnole, une romance.

 

Le genre d’intrigue usée jusqu’à la corde.

 

Des films avec les mêmes ingrédients narratifs que Drive, on en a tous vu des dizaines.

 

Et pourtant.

 

Pourtant Drive va se hisser à un niveau d’excellence presque indécent grâce à un personnage principal inoubliable et un formalisme beau à crever.

 

Le Driver : un protagoniste à l’ancienne (très « hawksien ») se définissant exclusivement par et dans l’action (la première poursuite en bagnole, une merveille de précision, nous dit tout sur lui).

 

Des dialogues réduits au maximum. Une économie de parole poussée à l’extrême.

 

A quoi bon gâcher sa salive ?

 

Quand le Driver parle, on l’écoute.

 

Une de ses plus longues tirades, sa première aussi, c’est son discours archi rôdé sur la nature de ses prestations.

 

Pas un mot de trop et cette certitude : le Driver fait ce qu’il dit.

 

Superbe prestation d’un Ryan Gosling qui compose parfaitement un perso oscillant entre le cowboy (le jeune Eastwood n’est pas loin) et le samouraï moderne (cette sensation d’acceptation par rapport à tout ce qui est susceptible de se produire … Hagakure style).

 

Je surkiffe ce faciès imperturbable barré par une sorte de rictus figé.

 

Une espèce de masque ironique qui semble se gausser de la futilité du monde, de l’existence.

 

Classe !

 

Si le visage reste impassible, l’homme dégage paradoxalement une large palette d’émotions : sang-froid et concentration atomiques, joie, bouillonnement intérieur, affliction, etc.

 

Le Driver, c’est un rocher qui vibre.

 

Derrière la caméra Winding Refn calque son comportement sur celui de son personnage principal.

 

Drive sera ainsi un film pas forcément très démonstratif (les braquages resteront hors-champ et il ne faut pas s’attendre à des poursuites automobiles longues et répétées) mais d’une précision redoutable (NWR utilise sa caméra comme le Driver manie son volant).

 

Mise en scène ultra chiadée qui emprunte le meilleur du formalisme des seventies (le côté urbain sec) et des eighties (l’aspect clinquant mais beau).

 

Le western n’est jamais loin non plus, tout comme le cinéma de Walter Hill, John Carpenter et Michael Mann.

 

Ces vues aériennes de L.A. la nuit !

 

Ces plans dans l’habitacle de la voiture !

 

La visite, marteau en main, dans les vestiaires du strip club !

 

Ce plan du Driver grimé repérant sa proie à travers le hublot d’une porte !

 

Gros film d’ambiance (merci la photo et la bande-son), mélancolique, poétique (la virée dans les égouts au crépuscule), mais capable aussi de balancer des moments chargés d’une tension phénoménale (l’attente des braqueurs dans la voiture) et des éclats de violence âpre (avec une nette préférence pour les têtes explosées comme des pastèques).

 

A l’arrivée, une sacrée ballade.

 

Le côté flottant du métrage et la sérénité du Driver ont quelque chose de communicatif.

 

J’en suis ressorti détendu, apaisé.

 

Je crois même que j’avais un petit rictus sur le visage.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 2 months later...
  • Réponses 125
  • Created
  • Dernière réponse

Top Posters In This Topic

  • 4 weeks later...

J'en sort tout juste, je ne savais pas grand chose a part que c'était dans ma liste des films en retard a voir. Et ben c'est bien simple, j'ai adoré . Je viens de vous lire, tout a été dit : mise en scène excellente, images superbes (deja sur DVD, j'attends de voir le BD), musique 80's qui pourrait friser le ridicule et pourtant , violence qui fait plaisir. Seul regret , le final ou j'aurais vraiment aimé qu'ils soient réunis mais spa grave.

Bon, faut que je trouve le BD et la BO maintenant, j'ai deja envie de le revoir et d'aller au boulot en voiture avec du bon son

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 5 weeks later...

Drive...en fait ce mec est un fou furieux. Quand il se lâche, on dirait Dark TImide, de Norman fait des videos

Vivement Drive 2 : Portrait of a serial Killer.

 

J'ai bien aimé, sans avoir trouvé ça ultime pour autant. LA, c'est vraiment petit comme ville, tous les coups dépendent de la même bande de voyoux cabossés.

Par contre, la musique...j'ai rarement entendu une soupe pareille, va falloir m'expliquer.

 

En tout cas, belles scènes de tension pendant les braquages.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 1 month later...
  • 2 weeks later...
  • 3 weeks later...
  • 1 month later...

Je viens de me le revoir et c'est la même claque dans la gueule que la première fois. Le genre de film (comme Valhalla Rising d'ailleurs, que j'aime beaucoup aussi) que tu ne peux pas t'empêcher de regarder, avec une légère expression dubitative sur le visage (genre "wtf?") et que quand il est fini, tu restes assis 5 minutes à te demander ce que tu viens de voir. L'alternance de très longues scènes lentes et magnifiques (plus la musique très éthérée, ce qui a déjà été signalé ici) avec des sursauts de violence extrême prend les tripes.

 

Après, faut aimer ce type de film mais personnellement ça a été une sacrée expérience !

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 1 year later...

×
×
  • Créer...