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Marius - Alexandre Korda - 1931


DPG

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Premier volet de LA trilogie marseillaise de Pagnol. D'abord une pièce, puis un film, un des premiers grand succès du parlant en France d'ailleurs. Revu hier soir, ça doit bien faire la 8e, 9e fois que je le mate, et à chaque fois, toujours la même claque, toujours le même constat, le verdict qui s'impose comme une évidence : CHEF D’ŒUVRE ABSOLU ! Dans mon top 10, voire top 5 français de tous les temps, sans hésiter.

 

On ne sait pas trop par où commencer quand on veut parler d'un tel monument. Un peu comme dire que "Citizen Kane", c'est visionnaire, ou que "Les enfants du paradis", c'est quand même mortel, on a le sentiment qu'on va enchainer des banalités dont aucune ne sera à la hauteur de tout ce que l’œuvre peut transmettre. "Marius", c'est TOUT, c'est la vie, il y a mille choses à en dire. C'est avant tout un film de personnages. Un film où le moindre petit rôle a une épaisseur, où la moindre apparition de 5 minutes vaut de l'or. Et où quasiment tous les personnages principaux trouvent le rôle d'une vie, rien de moins. On ne va pas les faire un par un, mais ils sont tous géniaux, voilà, c'est dit, ça règle le problème. Quand même, un mot sur Raimu. Absolument incroyable d'un bout à l'autre. Incroyable de tendresse, de drôlerie, d'humanité. LE marseillais dans toute sa splendeur, son exubérance, sa truculence. Alter égo magique de la langue de Pagnol, il transcende tout ça à chaque apparition, capable de vous faire éclater de rire comme de vous arracher une larme. Père pudique, veuf, tenancier de bar, copain d'apéro, il est tout ça à la fois, et il excelle dans tous ses rôles. Magique, un monument, l'acteur comme le rôle. Mais tout le monde est au diapason, rassurez vous.

Vient ensuite l'histoire, classique mais efficace. On mêle plein de trucs, l'amour, l'amitié, le cœur et la raison, les choix d'une vie, le poids des autres. Le tout s'emboite à merveille. Et puis le verbe, le sens du dialogue, le génie, n'ayons pas peur des mots, de Pagnol. Que seraient "Les enfants du Paradis" sans Prévert ? Et bien là, c'est pareil. On ne dira jamais assez à quel point cette époque du cinéma français était bénie des dieux. Des tonnes de scènes sont passées à la postérité, la partie de cartes et son "Tu me fends le cœur", le coup des "quatre tiers" du cocktail qui "dépend de la taille des tiers", et j'en passe. Tout est d'une justesse incroyable, la moindre réplique semble avoir été murie en fut de chêne, c'est du travail d'orfèvre... Et la mise en scène de ce qui pourrait n'être que du théâtre filmé est tout sauf anonyme. On reste la plupart du temps dans le bar, mais quand on en sort, on utilise Marseille. Son port, sa vue, promesse de tous les rêves, avec ses bateaux qui s'en vont. Et le son. Pagnol fut un précurseur, un des premiers en France à croire au parlant. Ici, la moindre sirène de bateau provoque immédiatement des réactions contrastées. Tout est pensé, soigné, millimétré. Là encore, un vrai travail de maitre.

 

Voilà, je pourrais en parler des heures, et j'aurais toujours l'impression de parler pour ne rien dire. Que conseiller de mieux que de se confronter au truc. Un monument. Mais pas du genre étouffant, poussiéreux, ou intimidant. Le genre qu'on a l'impression d'avoir toujours connu. Dans lequel tout le monde retrouve un peu de lui, jeune, vieux, marseillais ou non, aventureux ou casanier, comique ou dramatique.. LE film quoi. Celui qu'on peut découvrir à 7 ans comme à 50 avec le même émerveillement, le même sourire, la même larme au coin de l'oeil.

 

 

 

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