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Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain (2000)


Dragonball

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"Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain"

 

 

 

 

Amélie, une jeune serveuse dans un bar de Montmartre, passe son temps à observer les gens et à laisser son imagination divaguer. Elle s'est fixé un but : faire le bien de ceux qui l'entourent. Elle invente alors des stratagèmes pour intervenir incognito dans leur existence.

Le chemin d'Amélie est jalonné de rencontres : Georgette, la buraliste hypocondriaque ; Lucien, le commis d'épicerie ; Madeleine Wallace, la concierge portée sur le porto et les chiens empaillés ; Raymond Dufayel alias "l'homme de verre", son voisin qui ne vit qu'à travers une reproduction d'un tableau de Renoir.

Cette quête du bonheur amène Amélie à faire la connaissance de Nino Quincampoix, un étrange "prince charmant". Celui-ci partage son temps entre un train fantôme et un sex-shop, et cherche à identifier un inconnu dont la photo réapparaît sans cesse dans plusieurs cabines de Photomaton.

 

Source : Allo ciné

 

 

Bon, perso, j'aime beaucoup se petit film gentillet que je trouve très sympa et remplit de trouvaille visuelles et de petits effets très marrant.

 

Mais en fait, le film, on s'enfout, l'important, c'est ça :

 

«Amélie» pas jolie

 

Il est temps de dire tout le mal que l'on pense de ce film à l'esthétisme figé et qui, surtout, présente une France rétrograde, ethniquement nettoyée, nauséabonde.

 

Comme si l'air du temps et les nouvelles du monde ne nous donnaient pas assez de raisons de désespérer du genre humain, voilà qu'on nous bassine depuis plus d'un mois avec un film dont l'esthétique publicitaire rétro, la poésie frelatée et le propos insignifiant masquent (à grand-peine) une vision de Paris, de la France et du monde (sans même parler du cinéma) particulièrement réactionnaire et droitière, pour rester poli. Et comme s'il ne suffisait pas que le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain ait bénéficié d'une tornade d'éloges quasi unanimes, comme s'il ne suffisait pas qu'une grande partie de la France constitue un front national du cinéma se masturbant l'identité avec l'image sentimentalo-passéiste que lui renvoie Jean-Pierre Jeunet, voilà que dans un Rebonds publié dans Libération, David Martin-Castelnau et Guillaume Bigot prennent la défense du film, tout ça parce que la sainte Amélie a été légèrement égratignée par une infime partie de la presse. Et les deux Don Quichotte d'opérette de condamner le mépris des intellectuels, la condescendance des élites, bref, de voler au secours de ce pauvre et fragile petit film qui n'a qu'un tort (aux yeux des intellos) selon eux, «regarder le petit peuple avec amour, empathie et espérance».

Il est peut-être donc temps de dire noir sur blanc, argumentaire à l'appui, tout le mal qu'on est en droit de penser de ce film, un droit qui devient même un devoir puisque la quasi-totalité des médias français, tétanisée et rendue aveugle par «l'événement», semble bloquée en pleine génuflexion poulinesque.

Premier point, l'esthétique d'Amélie Poulain. On le sait depuis ses premiers courts-métrages et Delicatessen, Jean-Pierre Jeunet est plutôt un virtuose du visuel qu'un cinéaste. Pour lui, comme pour ses nombreux collègues en pyrotechnie visuelle, le cinéma n'est pas un outil de connaissance du monde, de découverte du réel et d'expérience du temps qui s'écoule, mais un simple moyen technique de recréer le monde à son idée. Pourquoi pas? Le hic, c'est que Jeunet est sous l'emprise d'une telle volonté de maîtrise et de contrôle absolu de ses images que ses films ne respirent plus, que son monde paraît être filmé sous cloche. Amélie Poulain fait ainsi penser à ces boules de neige enfermant les monuments de Paris que l'on vend dans les boutiques de souvenirs kitsch.

Ce parti pris ultraformaliste donne un cinéma étouffant, de la taxidermie animée, un musée Grévin qui bouge. Les personnages de Jeunet sont des marionnettes, toutes réductibles à un seul trait de caractère bien surligné, toutes résumables en une seule phrase-slogan: La Fille Introvertie qui Découvre l'Amour; la Buraliste Aérophagique; l'Epicier Irascible; la Bistrotière Pittoresque et Bavarde, l'Ecrivain Raté; le Vieux Solitaire et Retiré du Monde qui Recopie des Tableaux de Renoir (un autoportrait lucide de Jeunet?), etc., etc. Dès lors, les rapports que nouent entre elles ces figurines sans épaisseur ne peuvent pas être des rapports humains profonds et développés mais de simples relations fonctionnelles, des ressorts de cause à effet. Bref, Amélie Poulain est formellement vissé, factice de A à Z, et se résume à une succession assez ennuyeuse de scènes gadgets meublées par des silhouettes caricaturales.

Et alors, me dira-t-on? Jeunet a fait un film publicitaire de plus, les gens aiment, pourquoi bouder son plaisir, tout ça n'est pas bien grave, tout le cinéma français y trouve son compte, pas de quoi s'exciter? Certes. Sauf que si Jeunet a parfaitement le droit de faire ce type de film (à mon sens, de l'anticinéma), on a aussi le droit de préférer une tout autre idée du cinéma. Et puis surtout, second point, sous l'épaisse croûte «poétique» d'Amélie Poulain, derrière son aspect rétro Poulbot inoffensif se cache une vision de Paris et du monde (pour ne pas dire une idéologie) particulièrement nauséabonde, qui semble ne gêner personne et passer comme un mail dans un Mac. Si on regarde le film un peu attentivement, qu'y voit-on? Un Paris des années 30, 50, sorti d'un film de Carné/Prévert. Amélie Poulain braille à tout bout de champ/contrechamp: c'était mieux avant! Et alors qu'une oeuvre d'art se doit d'affronter le présent voire le proche futur, Jeunet dirige son regard en arrière toute.

On nous explique que le réalisateur regarde le peuple avec empathie. A notre sens, il regarde surtout le peuple avec sentimentalisme et nostalgie réductrice, il met en scène un fantasme démagogique et superficiel de population prolétaire, il filme un populo de carte postale qui n'a jamais existé sauf dans l'imagerie et l'inconscient collectif forgés par messieurs Carné, Prévert et Doisneau. Mais les trois artistes précités avaient l'avantage de produire leurs oeuvres dans les années 30 à 50, leurs créations étaient contemporaines de leur époque. Le peuple (ou plutôt une imagerie clichetoneuse et vieillotte du peuple), Jeunet le regarde sans doute avec empathie, mais sans jamais poser l'ombre d'un début de question sur les raisons qui provoquent son aliénation, sans jamais effleurer les conditions de son éventuelle émancipation. Non, pas de questionnement trop complexe ici, Jeunet se contente de filmer le peuple à ras de cliché, parce que c'est joli, rigolo, sympa et pittoresque. Avant d'être un film populaire, Amélie Poulain est surtout un grand film populiste. C'est tellement vrai et frappé du sceau de l'évidence que ça n'a pas échappé à nos hommes politiques de tous bords, surtout aux deux futurs candidats présidentiels qui n'ont pas loupé l'occasion de s'accrocher aux branches du succès du film.

Non contente d'être réfugiée dans le passé et dans le fantasme populo afférent, Amélie Poulain est recroquevillée dans le cocon de la butte Montmartre. Aux clôtures formelles temporelle et sociale s'ajoute une clôture spatiale. Amélie Poulain, c'est Paris village, c'est le repli dans la tribu du pâté de maison. Nul besoin d'être agrégé de sociologie et d'histoire pour savoir que l'idéologie du village est profondément réactionnaire, qu'elle implique plus ou moins consciemment la peur de la modernité, du changement, des mouvements du monde et du brassage de populations. La vision de Jeunet sur ce dernier point précis constitue l'aspect le plus inquiétant de son film. J'habite dans le quartier du canal Saint-Martin qui est représenté dans le film. Que vois-je tous les jours en sortant dans la rue? Des Parisiens, certains sans doute français «de souche», d'autres d'origine antillaise, maghrébine, africaine, indienne, kurde, turque, juive, russe, asiatique... Je vois des couples hétéros, mais aussi pédés, lesbiens, queen... Que vois-je dans le Montmartre de Jeunet? Des Français aux patronymes qui fleurent bon le terroir. Je vois aussi un beur désarabisé qui s'appelle Lucien. Mais où sont les Antillais, les Maghrébins, les Turcs, les Chinois, les Pakis, etc? Où sont ceux qui vivent une sexualité différente? Où sont les Parisiens qui peuplent la capitale en 1997 (année où est censé se passer le film)? Ah, pardon, on voit parfois de «l'autre» dans le film. D'abord, une chanteuse de blues, dans un écran de télévision en noir et blanc. Puis un vieux Noir unijambiste, toujours dans un écran de télé en noir et blanc. Enfin, un moudjahid afghan dont la voix off nous dit qu'«il mange bizarrement et se coiffe d'un drôle de cache-pot». Les Afghans (qui sont majoritairement victimes des taliban) apprécieront.

Tout cela signifie quoi? Que Jeunet regarde le peuple avec sympathie, certes, mais exclusivement le peuple montmarto-rétro-franco-franchouillard. Que le Paris de Jeunet est soigneusement «nettoyé» de toute sa polysémie ethnique, sociale, sexuelle et culturelle. Que l'Autre est aimable et présentable quand il est lointain. On me rétorquera: et alors? Jeunet ne prétend pas représenter exactement la population parisienne, son film est une fable stylisée, pas un documentaire. Oui, d'accord, Jeunet a le droit de styliser Paris comme il l'entend; et on a aussi le droit de trouver sa stylisation contestable, repliée sur une idée vieillotte et étriquée de la France et totalement déconnectée de toute réalité contemporaine.

Je ne connais pas Jean-Pierre Jeunet, je ne sais pas quelles sont ses idées profondes. Par ailleurs, je suis convaincu que les millions de gens qui ont apprécié ce film l'ont aimé sincèrement, qu'ils soient de droite, de gauche ou d'ailleurs, mais je pense néanmoins que ce succès, comme tout succès, ne saurait suffire à faire d'Amélie Poulain une oeuvre admirable ou incontestable. Car je suis en revanche tenaillé par une hypothèse assez dérangeante mais qui ne me paraît pas farfelue au vu des analyses qui précèdent: si le démagogue de La Trinité-sur-Mer cherchait un clip pour illustrer ses discours, promouvoir sa vision du peuple et son idée de la France, il me semble qu'Amélie Poulain serait le candidat idéal. ¤

 

Serge Kaganski, rédacteur en chef adjoint

des «Inrockuptibles». (Le jeudi 31 mai 2001)

 

 

 

 

 

"Un critique, une balle !"

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Que vois-je tous les jours en sortant dans la rue? Des Parisiens, certains sans doute français «de souche», d'autres d'origine antillaise, maghrébine, africaine, indienne, kurde, turque, juive, russe, asiatique...

Ouais ben c'était mieux avant

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Que vois-je tous les jours en sortant dans la rue? Des Parisiens, certains sans doute français «de souche», d'autres d'origine antillaise, maghrébine, africaine, indienne, kurde, turque, juive, russe, asiatique...

Ouais ben c'était mieux avant

Ou tu lis super vite et t'as pris une phrase au hasard !

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Si on passe Amélie Poulain à l'envers on peut y voir distinctement des vidéos de propagande issue des archives des nazis.

Hitler s'initiant aux joies du ball-trap, Hitler jouant un mauvais tour à un jardinier en lui pinçant son tuyau, Hitler gazant des juifs à tour de bras parc qu'il a perdu au scrabble.

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Si on passe Amélie Poulain à l'envers on peut y voir distinctement des vidéos de propagande issue des archives des nazis.

Hitler s'initiant aux joies du ball-trap, Hitler jouant un mauvais tour à un jardinier en lui pinçant son tuyau, Hitler gazant des juifs à tour de bras parc qu'il a perdu au scrabble.

 

 

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Quand est ce que Jean Pierre Jeunet va enfin prendre des cours de cinoche?

 

 

En tout cas, le degré zero du cinéma. Je pourrai en parler plus longtemps mais je sens que je vais vomir.

Parfois, j'ai l'impréssion que t'aime rien à part les films de Philippe Clair et 2 ou 3 trucs avec des ninjas multicolors !

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roooooooooooo je déconne !!

Même quand on déconne, généralement, y a toujours un fond de vérité. Mais là, franchement, je vois pas ........

 

par rapport à la baston sur le racisme ...

Ouai, je comprends toujours pas. Enfin bon passons .......

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Heu, si tu veux faire pardonner je veux bien un humhum d'Erotic nigth of the living dead !

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Serge Kasangski a raison : ce film est une merde reactionnaire et retrograde , plus fascisante que n'importe quel salon kitty et autres joel schumacher

 

 

A gerber , en plus c'est nul , ennuyeux , gnangnan , bref ce que le cinema francais sait faire de pire

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Serge Kasangski a raison : ce film est une merde reactionnaire et retrograde , plus fascisante que n'importe quel salon kitty et autres joel schumacher

 

Voire digne de Leni Riefensthal ! D'ailleurs on le diffuse en Iran, je crois ! Et les mecs qui ont buté Ilan Halimi ont dit que c'était leur film préféré !!

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