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2:37 - Murali K. Thalluri (2006)


Superwonderscope

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Le film s'ouvre par la mort d'un personnage, enfermé dans une pièce. Visiblement un suicide? Retour en arrière sur la veille, où 2:37 suit six lycéens, en proie à différents doutes & crises internes. Face à la caméra, en noir et blanc, ils expliquent leurs sentiments, leurs angoisses, leurs espérances. On comprend petit à petit le rôle qu'ils jouent dans cette tragédie, tant les évenements qui se déroulent forment un puzzle jusqu'au plan final.

 

 

 

NB : attention en allant sur imdb pour ceux et celles qui seraient tentés, la plupart des commentaires spolient à mort sur l'identité et la raison de la mort du personnage.

 

 

Premier film d'un cinéaste/scénariste/co-producteur de 19 ans : il y en a qui vont prendre des leçons en voyant ce 2:37.

 

Production en DV soignée, photographie pale, jouant sur les gris/noir/blanc qui plongent de suite le spectateur dans un malaise palpable qui va aller crescendo. Il est clair que le film n'est pas pour tout le monde, certaines scènes mettant relativement mal à l'aise (notamment les dix dernières minutes) :

 

SPOILERS

 

révélant l'agonie du mort, avec ouverture de poignets aux ciseaux. Aussi, une scène douloureuse de viol incestueux

 

END SPOILERS

 

 

Certains spectateurs ont rapproché 2:37 d'Elefant sur le malaise adolescent. Il n'y aucun massacre en règle au sein de l'école ici, j'avoue ne pas avoir bien compris le rapprochement.

 

Il existe une certaine maestria de la mise en scène, on sent que les répétitions ont été longues, tant les plans-séquences s'avèrent complexes dna sles déplacements de personnages (qui se croisent/s'entrecroisent), afin de révéler au plan d'après un autre point de vue sur la même scène qui se déroule. le montage révèle/maintient le suspense en ce sens, sur l'identité et les raisons de chacun.

 

Le film oscille entre une volonté parfois quasi-documentaire aux affrotnements des divers protagonistes, la notion de différence, la méchanceté ambiante dans les règles de fonctionnement d'un grouep.

L'un des personnages, par exemple, possède une jambe plus courte que l'autre et est affligé d'une malformation physique (deux uretres) qui provoque la moquerie générale, du fait qu'il ne maitrise l'un des deux. Son témoignage est d'ailleurs assez touchant. On y croise aussi la petite reine du lycée, obsédée par sa relation avec le footballeur-roi du lycée, qui ne pense qu'au mariage. le footballeur qui ne pense qu'à son futur sportif.Le gay mal dans sa peau, agressif et agressé. le geek musicien harassé par son père et obsédé par les bonnes notes... un collection de jeunes hommes & femmes, en apparence sans raison particulière de se sentir mal dans leur peau, laors que finalement, le vernis craque et laisse apparaitre des blessures bien différentes.

 

Meme si le procédé de montage alterné substituant les points de vue a déjà été utilisé maintes fois (je pense à Jackie Brown par exemple), il est utilisé ici de manière assez adroite, et renforce ce côté assez clinique qui se dégage du film. eu égard aussi aux acteurs, tous formidables.

 

Le cinéaste a d'ailleurs dédié le film (en toute fin de générique) à une personne en particulier, s'étant inspiré de faits réels. L'explication du titre se trouve à la toute dernière image.

 

Le générique final annonce clairement que le film " n'a bénéficié d'aucune aide nationale".

 

Pas à 100% original, évidenmment, mais qui témoigne d'une maitrise et d'une logique qui m'ont étonné, surpris. C'est progressivement dérangeant, impliquant, noir, désespéré amis étonnament (si,si) brillant.

 

Le film est sorti en France il y a un an, visiblement dans l'indifférence générale.

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  • 2 years later...

Contrairement à Superwonderscope, je ne suis pas du tout étonné par les comparaisons avec le film de Gus Van Sant. En le voyant, j'arrêtais pas de me dire : ah ouais, c'est le "Elephant du pauvre".

 

Et effectivement quand on voit le making of du dvd, on se rend compte à quel point y a zero thune.

 

Ce bonus est d'ailleurs à voir pour qui veut se lancer dans une première réalisation, tant il montre la volonté assez démentielle investie dans le projet pour réussir à le monter (démarchage de financiers, même pendant la réalisation, qui a ajouté pas mal de stress alors que quand on fait un premier long à 21 ans, qu'on fait le genre de conneries qui déclenche l'alarme incendie et inonde l'étage du lycée où on tourne, on a pas besoin de ça).

 

Sinon, que dire : d'un côté, je suis très impressionné par l'aspect technique du film, et la très bonne direction d'acteurs.

 

D'un autre, les plans de caméra et le dispositif sont bien pompés sur Elephant (travellings à la steady-cam, ados filmés de face ou de dos, destins qui se croisent dans un bahut, révélant les failles de chacun jusqu'au drame final).

 

La grande différence, c'est ce dispositif de fausses interviews réalisées après coup, qui induisent une idée de documentaire bizarre (ce que disent les ados est mis en rapport avec ce qu'on voit, mais si on part sur une idée de documentaire, alors on est obligé de se demander : qui filme ? On a l'impression d'avoir deux types de narrateurs opposés dans le film, mais qui travailleraient ensemble). C'est plus efficace qu'Elephant (qui était très opaque), mais aussi moins poétique.

 

Surtout que les persos sont assez schématiques psychologiquement : l'homosexuel est aussi fin que dans skin gang, le pd refoulé est bien beauf, le mec intelligent est un pervers, le souffre douleur combine tous les signes de différenciation (il boîte, se pisse dessus, est anglais dans un lycée australien). C'est quand même le genre de délire glauque écrit par un mec qui a tenté de se suicider aux barbituriques, a tout vomi, et c'est dit : et si on écrivait un film ? (true story).

 

Au final, la scène de suicide choque par la façon dont elle est filmée, mais pas par son impact dramatique, puisqu'au final, le personnage concerné n'apparaît que très peu dans le film et a un impact somme toute mineur sur l'histoire.

 

Bref, le film a clairement des qualités impressionnantes vu le contexte, mais aussi de gros défauts, obligés vus l'âge et le manque d'expérience du réalisateur.

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