Difficile d'être objectif quand il s'agit de critiquer l'oeuvre d'un maître qu'on vénère. Objet de mes fantasmes quej'ai révé dans son intégralité, symbole nostalgique d'une cinématographie horrifique qui n'est plus (le bon cinéma sait vous hanter pendant des décennies), ce Dead of the dead était sans grand mal l'une des meilleures raisons pour survivre en 2005 ( canicule, fiasco européen, économie libérale acharnée, integrisme à la con, boulot de merde, scission à devil dead )...
Est-ce le film de l'année pour autant? Non! Le meilleur film de la saga de Romero? Non plus. Au moins le meilleur film d'horreur du moment? C'est sûr que comparé à Amityville, il n'y a pas photo. Mais bon la déception l'emporte souvent sur un enthousiasme de fan qui n'est pas à discréditer pour autant.
Land of the dead, c'est l'ultime revival des années 80. Un pot pourri de ce que Romero nous a déjà offert, mais en moins bien, car le film à trop tarder à venir, et Romero s'est fait vieux. Il a conservé ses idées politiques, adapatées pour l'occasion à l'actualité (Irak, Sept 2001), mais son discours est parfois lourdingue, tel celui d'un vieux con. Le casting de Dennis Hopper par exemple est révélateur. Le post soixante-huitard vient faire du copinage idéologique, mais oublie son talent (euh?) au passage.
En 20 ans la réalisation de Romero n'a pas évolué d'un poil. Mêmes images (un brin plus esthétisantes parfois, au début du film), même plans fixes pantouflards. C'est sûr, ce n'est pas Dawn of the dead 2004, ce n'est point un film de "djeunes"! Seul le générique d'ouverture fera illusion. Belle illsutration de ce qu'on aurait aimé voir en plus...
Et le récit, certes, il est intéressant, mais justement un peu trop... Il en devient frustrant. Tout est précipité, jusqu'à l'organisation ubuesque des zombies qui naît d'une épiphanie mal amenée chez le futur leader de la coallition d'outre-tombe. peu de développements naratifs, le cinéaste n'en a pas le temps. Il nous livre 1h33 qui passe à toute vitesse en ne nous racontant pas grand chose finalement. Trop d'histoires particulières qui dépassent l'histoire de l'humanité qu'on aime savoir maltraîtée.
Mais bon, j'ai cependant jubilé, car le film fait du bien où il passe (pas par l'anus, je vous le promets). C'est un condensé de tout ce qu'on aime, et tout ce que Romero aime dans l'horreur. Le cinéaste nous livre un hymne à ses zombies qu'il filme avec amour, très souvent dans un cadre macabre (il s'agit de loin du film le plus morbide de la saga avec ses nuits bleues, son cimetière, ses villages déserts et ses terres jonchées de cadavres). Le film s'offre de nombreux moments de bravoure dans le gore, même si on sent des coupes que le DVD devrait vite corriger. La musique, peu exploitée dans la première partie, parvient à prendre de l'ampleur et à s'imposer comme le parfait rejeton de celle de Day of the dead. Elle est éthérée, fonctionne sur plusieurs niveaux de nappes de synthé, tout en épousant les contingences électroniques de notre époque.
En résumé, un film imparfait qui nous replonge dans nos souvenirs horrifiques les plus nobles, pour cela on oublie les nombreuses maladresses, on pardonne au maître qui a su faire de son mieux, sans jamais parvenir à s'égaler. Mais le pouvait-il à son âge? Il a su user de son budget de grosse série B pour nous livrer une TRES grosse série B.
Désormais on peut le dire, le temps de la retraite à sonner. Sans honte, la tête haute, Romero peut s'en retourner à Pittsburgh... Moi je continue de l'aimer.
XX(X)