Aller au contenu

Rétrospective Kim Ki-Young à la Cinémathèque de Paris


Florent

Messages recommandés

Né en 1919 à Séoul, Kim Ki-young a réalisé une trentaine de films. Entomologiste cruel, observateur implacable des comportements humains, il a réalisé, entre 1955 et 1995, une série de mélodrames sexuels d'une incroyable violence où la rhétorique du cinéma d'épouvante met à nu les pulsions les plus indicibles. Un grand cinéaste à découvrir.

 

Un entomologiste cruel

 

Kim Ki-Young est né en 1922 à Séoul. Son père enseignait l'anglais. Après avoir montré, au cours de ses études, des capacités prometteuses dans diverses disciplines artistiques comme l'écriture, la musique et la peinture, il se prépare à des études de médecine tout en se passionnant pour le cinéma qu'il consomme en grande quantité durant un séjour au Japon. Lorsqu'il revient en Corée en 1946, il se consacre autant à ses études de médecine qui le destinent à être dentiste qu'à la mise en scène de théâtre à l'Université où il monte des pièces de Tchekhov et Shakespeare.

 

Durant la Guerre, il participe à la réalisation de documentaires d'actualité dans le service d'information de l'armée américaine, à qui il empruntera du matériel pour réaliser, en 1955, son premier film, The Box of Death. Il tournera ensuite trente-deux films depuis cette époque jusqu'en 1995. L'hommage qui lui sera rendu à la Cinémathèque permettra la découverte de dix-huit titres. C'est la plus grande rétrospective de l'œuvre du cinéaste jamais réalisée.

 

A les découvrir, il sera facile de se rendre compte que s'y manifeste, de film en film, une véritable obsession. Ainsi La Servante, en 1960, son film le plus célèbre, semble avoir fourni la matrice d'un grand nombre de titres relevant tous d'une catégorie particulière et un peu insaisissable. Mélodrames érotiques, drames psychologiques d'une violence étonnante, thrillers angoissants, les films de Kim Ki-Young sont surtout l'œuvre d'un entomologiste sévère, observateur impitoyable des relations entre les hommes et les femmes. Ils sont, en effet, pour la plupart, construits sur le même principe. Une femme, souvent nommé Myeong-ja, vient briser la tranquillité et la quiétude d'un couple en séduisant l'homme et en affrontant son épouse. Cette structure plusieurs fois filmée (La Servante en 1960, La Femme de feu en 1970, The Insect Woman en 1972, La Bonne Sœur en 1979, La Femme de feu 82 en 1982, Carnivore en 1984 jusqu'à son dernier film, après dix ans d'inactivité, A Moment to Die For en 1995) définit une œuvre étonnante et unique dont on ne peut que regretter qu'elle soit reconnue aussi tardivement et qu'elle ait mis tout ce temps être découverte hors de Corée.

 

Le cinéma de Kim Ki-young est un cinéma où la surenchère s'accommode d'un sens particulier, singulier, personnel du grotesque et de la dérision morbide et violente. Dès ses premiers films, comme La Province de Yang San ou le récit traditionnel des amours [/color]contrariées devient prétexte à la peinture d'une attraction érotique d'une violence irrésistible étonnante pour l'époque purgée dans une succession de morts brutales qui caractérise la fin du récit. En n'hésitant pas à employer parfois une rhétorique relevant du cinéma d'épouvante, en dédaignant les règles les plus élémentaires de la mesure et du bon goût, Kim Ki-Young parvenait à mettre à nu les petits secrets dégoûtants des pulsions humaines les plus indicibles, et la façon dont elles déterminent les agissements des individus. Autant qu'à Bunuel dans son versant naturaliste, que l'on a parfois cité à son propos, Kim Ki-Young pourrait faire penser à Stroheim. La manière dont il cerne, avec lucidité, le moment où l'homme ou la femme bascule, hors de toute raison, dans l'abjection de sa propre envie, de son propre désir sexuel, a en effet peu d'équivalents dans toute l'histoire du cinéma. Parions que la rétrospective de son œuvre sera un évènement majeur pour la cinéphilie française. Kim Ki-Young est mort avec son épouse dans l'incendie de sa maison le 5 février 1998.

 

Jean-François Rauger

 

PROGRAMMATION :

L'AMOUR DU LIEN DU SANG - KIM KI-YOUNG - 1976 - 100’

BAN GUM-YON - KIM KI-YOUNG - 1981 - 90’

CARNIVORE - KIM KI-YOUNG - 1984 - 105’

LA CHASSE DES IDIOTS - KIM KI-YOUNG - 1984 - 100’

COURTS METRAGES CYCLE KIM KI-YOUNG - PARK SOO-YOUNG, RYU SEUNG-WAN, UM HYE-JUNG - 2006 - 73’

UNE DEMOISELLE LIBRE - KIM KI-YOUNG - 1982 - 95’

UNE EXPERIENCE QUI VAUT LA PEINE DE MOURIR - KIM KI-YOUNG - 1995 - 95’

UNE FEMME COREENNE - IM SANG -SOO - 2003 - 104’

LA FEMME DE FEU - KIM KI-YOUNG - 1971 - 98’

LA FEMME DE FEU - 82 - KIM KI-YOUNG - 1982 - 115’

LA FEMME DE L'EAU - KIM KI-YOUNG - 1979 - 117’

LA FEMME INSECTE - KIM KI-YOUNG - 1972 - 120’

LES FUNERAILLES A LA KORYO - KIM KI-YOUNG - 1963 - 90’

L'ILE D'I-EOH - KIM KI-YOUNG - 1977 - 110’

INCOHERENCE/LA FEMME DE FEU - KIM KI-YOUNG - 1982 - 145’

PAPILLON MEURTRIER - KIM KI-YOUNG - 1978 - 110’

LA PROMESSE DE LA CHAIR - KIM KI-YOUNG - 1975 - 95’

LA PROVINCE DE YANG SAN - KIM KI-YOUNG - 1955 - 90’

LA SERVANTE - KIM KI-YOUNG - 1960 - 90’

LA TERRE - KIM KI-YOUNG - 1978 - 125’

LA TRANSGRESSION - KIM KI-YOUNG - 1974 - 112’

 

+ d'info sur

http://www.cinematheque.fr/fr/espacecinephile/evenements/retro-kim-ki-young.html

 

pour les horaires :http://www.cinematheque.fr/fr/nosactivites/projections/cycles-cinema/cycle.html?Cycle_OID=e7756070-246b-4713-b3a7-000000000297

 

J'ai qu'une chose à dire :

PARIS EST MAGIQUE !

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...