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Legend of a fighter de Yuen Woo-Ping


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Puisqu'on parle de FIST OF LEGEND voilà un article que j'ai écrit il y a longtemps (réactualisé ici) sur LEGEND OF A FIGHTER, pour mieux comprendre FOL...

 

Un kung-fu un peu oublié de Yuen Woo-Ping qu’on va certainement redécouvrir et réévaluer, pour la simple et bonne raison qu’il s’agit sans aucun doute d’un de ses meilleurs films « old school », non seulement au niveau du scénario et des arts martiaux, mais aussi et surtout parce qu’il comble un énorme vide en nous parlant d’un des plus grands héros chinois, Ho Yuen-Chia, qu’on a très peu vu au cinéma (et pour cause, voir ci-dessous…) obligeant de plus Yuen Woo-Ping a changer radicalement son style de mise en scène tel qu’on le connaissait jusque-là !...

 

Situé au début du 20ème siècle, alors que les Chinois colonisés viennent de signer les fameux « traités inégaux » et sont considérés par les autres pays asiatiques comme les « malades de l’Asie », LEGEND OF A FIGHTER nous décrit l’enfance puis la jeunesse du vénérable Ho, grand maître d’arts martiaux ayant réellement existé, qui non seulement a redonné fierté et honneur à son pays humilié en battant de nombreux champions étrangers, mais a également été ensuite un des grands réformateurs des arts martiaux puisque, à la manière du moine San Te qui avait ouvert l’enseignement du temple de Shaolin aux laïcs (cf. LA 36EME CHAMBRE DE SHAOLIN), il a permis à tous les Chinois qui le souhaitaient de s’initier aux arts martiaux (transmis avant lui encore essentiellement par l’hérédité ou à quelques privilégiés soigneusement choisis...) en disséminant dans tout le pays des écoles ouvertes à tous, quel que soit leur niveau.

 

L’ironie de l’Histoire est que ce grand héros chinois est demeuré quasi-inconnu du grand public occidental, mais aussi de beaucoup de fans de films d’arts martiaux alors qu’il a fait l’objet d’au moins trois films dont deux sont mondialement célèbres ! Le premier est LE CHAMPION DE TAIJIN, film chinois qui a précédé de peu sur les écrans le premier TEMPLE DE SHAOLIN avec Jet Lee, et qui en France a connu une distribution confidentielle chez PANDA VIDEO dans les années 80, bon celui-là très peu l'ont vu, passons...

 

Mais les deux autres vont forcément vous dire quelque chose puisqu’il ne s’agit rien moins que de FIST OF FURY / LA FUREUR DE VAINCRE de Lo Wei avec Bruce Lee, et FIST OF LEGEND de Gordon Chan (chorégraphié par Yuen Woo-Ping, tiens, tiens...) avec Jet Lee. L’amusant étant que Bruce et Jet n’incarnaient pas Ho Yuen-Chia mais ses élèves, celui-ci étant en fait ce fameux personnage du maître invisible, disparu mystérieusement avant le début du film… A signaler que dans la réalité il ne serait pas mort en combattant, mais après un combat : invité à dîner par une école concurrente dont il venait de vaincre le champion, il a été pris de convulsions et meurt quelques heures plus tard, les coupables n’ayant jamais été retrouvés, d’où les interprétations fantaisistes (?) vues dans LA FUREUR DE VAINCRE et FIST OF LEGEND…

 

Donc Yuen Woo-Ping n’a certainement pas choisi ce personnage par hasard, cherchant à échapper à l’époque aux dizaines de copies qui inondaient le marché suite au succès de son DRUKEN MASTER. Mais littéralement obligé d’adopter un ton plus sérieux vu le personnage et sa disparition sinistre, il réduit ici considérablement la comédie cantonnaise lourdingue (sauf dans la scène de combat sur le bateau, à laquelle le héros ne participe pas et qui semble sortie d’un autre film…) et surtout les chorégraphies sont nettement moins alambiquées que d’habitude (c’est flagrant si on compare avec TIGRE BLANC, LE HEROS MAGNIFIQUE ou DANCE OF THE DRUNKEN MANTIS), les combattants cherchant avant tout le coup qui fait mal pour mettre l’adversaire KO immédiatement, un parti-pris réaliste logique et qui fait mouche, les nombreux et excellents combats étant d’autant plus intenses…

 

Et surtout justifiés par un scénario très bien écrit, autre fait notable qui distingue LEGEND OF A FIGHTER des autres productions de l’époque (excepté les films de Liu Chia-Liang ou de Samo Hung), prenant le temps de nous faire croire à l’histoire et aux personnages avant de les lancer dans l’action. A ce titre la première partie est absolument remarquable, pas un temps mort et surtout une interprétation superbe de Yuen Yat-Chor (qui joue Ho Yuen-Chia jeune, une fois adulte c’est Leung Kar-Yan, excellent, qui prend la relève, une autre singularité au crédit du film). Et bien sûr le Yasuaki Kurata dans le rôle du précepteur, dont le jeu tout en nuances convient à merveille à son personnage d’espion japonais infiltré qui possède malgré tout des principes et un code d’honneur…

 

Et c'est là que ça devient amusant, car Kurata interprétait un rôle similaire dans FIST OF LEGEND (le maître d’arts martiaux japonais, qui était en désaccord avec les militaires mais obligé d’affronter Jet « en aveugle » en tant que champion japonais…), hé bien pas du tout, ce n’est pas un rôle similaire, c’est le MEME PERSONNAGE avec quelques années de plus ( ! ! !), une idée de génie de l’avoir repris vieilli quelques années plus tard, signe de l’attachement de Yuen Woo-Ping au personnage (un Japonais rappelons-le !…), très symptomatique de la description honnêtre des fils du soleil levant dans ce film, qui rappelle fortement celle de Liu Chia-Liang dans son extraordinaire SHAOLIN CONTRE NINJA / LES DEMONS DU KARATE (dont le leader était… Yasuaki Kurata !).

 

Et si on veut encore en rajouter un peu sur ce film séminal qu’est LEGEND OF A FIGHTER, on peut décrire l’extraordinaire combat final (là aussi le karaté et le judo ont rarement été aussi bien montré dans un film chinois) qui se déroule dans un dojo : non seulement il rappelle celui dans lequel arrive Bruce Lee dans LA FUREUR DE VAINCRE, annonce celui de FIST OF LEGEND quelques années plus tard, mais aussi celui de MATRIX ( !), impression renforcée par le kimono blanc que porte Yasuaki Kurata (identique à celui de Keanu Reeves), et si on ajoute que dans cette même scène Leung Kar-Yan se met à courir sur un mur le temps d’un plan très bref (à la manière de Carrie-Anne Moss dans la scène d’ouverture contre les policiers dans le film des Wachowski), on conclue que non seulement on est contents d’avoir vu un des meilleurs films d’arts martiaux de tous les temps, mais que Yuen Woo-Ping, à sa façon, est aussi un auteur et pas seulement un extraordinaire chorégraphe-réalisateur….

 

Le film est dispo chez l'éditeur anglais HKLEGENDS en DVD zone 2 dans une superbe copie restaurée...

 

 

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