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Délivrance - James Dickey


ZombiGirl

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Et on continue avec un livre dont l'adapatation ciné est désormais culte. Le livre est tout aussi excellent. A lire avec le CD de "Dueling Banjos" en bruit de fond...

 

Critique d'Insania, toujours (non, je ne compte pas les poster toutes).

 

Résumé :

Quatre hommes partent faire une descente de rivière en canoë, avant que la construction d’un barrage ne déforme le paysage. Au fur et à mesure de leur avancée dans la nature inconnue, une étrange rencontre avec des hommes locaux va transformer cette initiale promenade de loisir en véritable cauchemar. Les amis vont devoir se faire confiance et puiser au plus profond d’eux-mêmes afin d’avoir une chance de survivre.

 

Avis :

Ce premier roman de James Dickey démarre d’une façon tout à fait anodine, ne faisant pas douter une seule seconde de l’horreur que vont devoir traverser ces quatre hommes. L’auteur nous présente ses personnages par le biais d’Ed, le narrateur, marié, un fils et publicitaire de son état. Convaincu par les belles paroles de son ami, Lewis, un fana de sport et d’écologie, Ed va se laisser entraîner dans l’aventure avec Bobby, le joyeux célibataire, et Drew, un homme calme et méfiant qu’ils connaissent peu. Ces quatre personnalités bien distinctes sont brillamment dessinées par l’auteur, les rendant d’autant plus humains et crédibles qu’aucun ne paraît être un héros au sens classique du terme. Même Lewis, qui est bien plus expérimenté que les trois autres, devra s’avouer vaincu lorsqu’il se cassera la jambe et devra passer le reste du voyage allongé dans le canoë, impuissant. Mais là, je m’avance quelque peu.

 

Le début de la descente se passe normalement, sans heurts, et ils profitent à loisir de leur agréable solitude. Le deuxième jour verra arriver les événements atroces qui vont changer leur vie pour le restant de leurs jours. Etant en avance sur Lewis et Drew, Ed et Bobby s’arrêtent pour se reposer en attendant qu’ils les rejoignent. Tout à coup, deux hommes apparaissent. Leur attitude est rude et menaçante, et les deux amis vont vite découvrir à quel point leurs intentions sont mauvaises. S’ensuit alors les pires humiliations possibles, se soldant par le viol de Bobby dont la passivité va rebuter Ed à un tel point qu’il perdra tout respect pour lui. Tout ce passage est assez insupportable et il n’est pas étonnant qu’il ait marqué à ce point les spectateurs du magnifique film de John Boorman. Mais l’histoire ne se résume pas à cet acte monstrueux qui n’est finalement que le point de départ d’une lente descente aux enfers inévitable suite au meurtre de sang-froid par Lewis d’un des violeurs, ce qui sauvera Ed au dernier moment. Dès lors, la tension monte d’un cran et l’action va s’enchaîner à un rythme soutenu jusqu’à la fin.

 

James Dickey décrit le paysage et la descente de la rivière avec tant de détails qu’il semble presque impossible qu’il n’ait pas fait ce trajet lui-même. En tout cas, le lecteur y est, autant sur les lieux que dans la tête et le cœur des quatre hommes luttant désormais pour leur survie, autant physique que morale. Et bien que le livre soit sorti voici plus de 30 ans, il ne donne en aucun cas l’impression d’être vieux ou « hors du temps ». Cette aventure pourrait arriver à n’importe qui, n’importe quand, tant qu’il y aura des humains.

 

Après avoir enterré le cadavre, ils se remettent en route, mais peu après, Drew meurt par ce qu’ils croient être un coup de feu tiré du haut d’une falaise. Craignant que le survivant ne veuille tous les éliminer pour se venger, ils se mettent à l’abri et Ed décide de grimper tout là-haut en emportant l’arc de Lewis, gisant désormais presque inconscient à cause de sa jambe fraîchement cassée.

 

Le passage où nous accompagnons Ed en haut de ce flanc de montagne et très long et détaillé, rendant la montée interminable, tant et si bien qu’une fois en haut, on s’attend presque à voir le tireur l’attendre, son fusil pointé droit sur Ed. La menace potentielle sera éliminée, mais était-ce bien cet homme-là ? Et est-ce que Drew ne serait pas plutôt décédé en heurtant un rocher sous l’eau dans les rapides qu’ils viennent de braver ?

 

Ces questions resteront ambiguës jusqu’au bout, les implications trop importantes pour se rendre à l’évidence potentielle. Le seul espoir pour les trois survivants est que l’endroit se retrouvera bientôt immergé à cause du barrage en construction et que le cadavre enterré restera enseveli dans les profondeurs. Le coup de génie de Boorman de la fin du film (que je ne révélerai pas pour ceux qui ne l’ont pas vu) ne se trouve pas dans le livre qui se termine de la même façon tranquille dont il avait débuté, bien que davantage pessimiste. Mais la menace plane quand même sur ces trois vies à reconstruire et on termine la dernière page avec un sentiment de profond malaise tout en poussant un grand soupir de soulagement que ce soit enfin terminé.

 

19/20

Un survival de grande classe, aussi indispensable que le film qui le retrace fidèlement.

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