Aller au contenu

Dodes'Kaden - Akira Kurosawa (1971)


Dan

Messages recommandés

 

Rokuchan est un jeune garçon qui vit dans un bidonville. Pour s'évader d'un quotidien sinistre, il s'imagine être aux commandes d'un tramway et sillonne le dédale des bas-fonds, où il va faire d'étranges rencontres. Akira Kurosawa entrecroise ici les destins des déclassés, alcooliques et autres rêveurs solitaires dans un style résolument expérimental.

 

 

Premier film en couleurs de Kurosawa, ce film signe pour Kurosawa de nombreux changements, comme le retour à un budget limité, une nouvelle esthétique et un style qui tranche radicalement avec ses chambara précédents. Après s'être fait viré de Tora ! Tora ! Tora ! dont il devait superviser la partie japonaise, il avait franchement besoin de remettre les piles à plat.

 

En sort donc cette œuvre pour le moins singulière, quasiment expérimentale, dans laquelle se croisent des histoires tragi-comiques de marginaux coupés de la société. Des déficients mentaux, des démunis, des fous, des alcooliques, des ordures, des saints, des petites gens. Tous vivent dans une espèce de village faite de tôle et de bois au milieu d'un décor post-apocalyptique. Chaque personnage a sa singularité servi par un casting quatre étoiles, ce qui fait la force de cette œuvre pour le moins longue. Même si les personnages en tiennent une couche, il est difficile de ne pas faire le rapport entre cette petite société vivant en autarcie et la notre par la multitude de thèmes, simples et universels qui sont abordés : le couple, la pauvreté, la folie, la mort, le suicide ou encore le viol. Pour de la légèreté il va falloir repasser. Mais des destins très touchants, pour ne pas dire parfois bouleversants : si l'échange d'épouses entre deux sympathiques poivrots fait doucement rire, le tandem père/fils de SDF est superbe de tristesse et de poésie. Bien qu'éclatée, la narration ne se perd pas entre tous ces destins et parvient à rester cohérente.

 

Œuvre aussi très personnelle de Kurosawa dans laquelle il expérimente un gros paquet de délires esthétiques, le plus souvent superbes : des éléments de fonds de décors en peinture, un décor de décharge publique en couleurs chaudes et accueillantes, des filtres limites psychédéliques lors des délires d'un mendiant imaginant le palace qu'il construit dans son esprit, l'oeil est carrément repu de belles images

 

En revanche, ce n'est pas du tout un film facile d'accès, au contraire même. Il a son rythme, son style et une esthétique unique, qui ne plaira pas à tout le monde.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...