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Shokuzai - Kiyoshi Kurosawa (2012)


Dan

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Dans la cour d'école d'un paisible village japonais, quatre fillettes sont témoins du meurtre d'Emili, leur camarade de classe. Sous le choc, aucune n'est capable de se souvenir de l'assassin. Asako, la mère d'Emili, désespérée de savoir le coupable en liberté, convie les quatre enfants chez elle pour les mettre en garde : si elles ne se rappellent pas du visage du tueur, elles devront faire pénitence toute leur vie. Quinze ans après, que sont-elles devenues ? Sae et Maki veulent se souvenir.

 

 

Film en deux parties à l'origine destiné à la TV en cinq épisodes, ce métrage costaud avoisine les quatre heures et demi de visionnage. Autant dire que je ne parlerai dans ce post que de la première partie qui dure tout de même deux heures et demi. Je me voyais mal rester dans une sale de cinéma de 18h à 22h30. Je me ferais la seconde session dimanche soir. J'ai bien avalé "Eurêka" d'une traite alors qu'il durait 3h40 mais pourquoi pas celui-là ?

Alors voilà, j'aime bien le Kiyoshi. Il a réalisé Cure, Tokyo Sonata et quelques bons, voire très bons films, avec une ambiance assez unique, de bons acteurs, une narration travaillée, une photo quand même développée. Mais là, non, ce n'est pas possible, ce n'est pas du Kiyoshi. En fait, ce n'est même pas bon.

 

Le film débute comme un thriller asiatique classique, sans génie particulier mais sans la moindre faute de goût. Le meurtre arrive, de la tension, de beaux plans, la mise en garde : une introduction sympa qui laisse augurer un film plaisant.

Un instant !

 

Outre un casting féminin pour le moins compétent et charmant (Kyoko Koizumi très très classe, Yu Aoi bien et Eiko Koike, surprenante dans ses rôles de films d'auteur après une carrière de pin-up bien qu'il n'y ait toujours pas de topless avec elle à l'horizon), l'entreprise "Shokuzai" tombe bien malheureusement à l'eau.

 

Se déroulant à la manière d'un film à sketch autour de chaque témoin, Kurosawa a au moins le mérite de ne pas faire de la redite en traitant les filles, chacune vivant la tragédie bien différemment. Néanmoins, pour le reste, la sauce ne prends vraiment, mais alors vraiment pas. Les ficelles narratives qui sont sensées expliquer l'évolution psychologique des protagonistes et les événements clés sont franchement énormes à tel point qu'on se demande si on se fiche pas un peu de nous, surtout lors de la scène finale qui est un what the fuck assez monumental. J'ai eu quand même plaisir à suivre le personnage du récent mari de la première fille, assez dément et intéressant mais qui tombe très rapidement dans sa propre caricature. Les apparitions de la mère de la victime tombent comme un cheveu sur la soupe et semblent être motivées par l'opération du Saint-Esprit dans des situations pour le moins farfelues, conduisant à des discussions caricaturales, et bien sûr, on y croit très vite plus du tout.

Le fin du fin reste les cinq dernières minutes qui achèvent d'enterrer une belle idée dans le n'importe quoi où le film se transforme instantanément en thriller après avoir bossé tout l'univers en drame personnel.

 

Une bien grosse déception. Très grosse même, ce qui ne m'empêchera pas d'aller voir la fin histoire de.

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Bon.

 

Je suis sorti de la deuxième partie du film et y a du mieux, ça change, mais ça reste quand même une grosse déception puisqu'au final le film se transforme en pur capharnaüm cinématographique.

 

Le film a beau durer 4h30, il est tout simplement trop court pour vraiment développer tout ce qu'il aborde, et ça se sent tellement les ficelles, je le répète, sont grosses à tel point qu'on n'y croit plus une seule seconde. En réalité, Kurosawa a voulu faire un "thriller fleuve" en développant avant tout l'aspect psychologique, voire sociétal que peut avoir un crime sur différents protagonistes (acteurs, victimes, témoins) sur des périodes de temps très différentes. L'idée est belle, l'intention louable, il avait de bonnes cartes en main et ça me désole qu'il n'ait pas su les utiliser. On dirait un "Eurêka" (le fameux film de 3h40) mais qui aurait été tourné par plusieurs réalisateurs différents ayant chacun une idée différente de l'idée de départ. On colle comme un puzzle au montage et en avant.

 

Ce qui pêche avant tout est le manque d'unité lorsque l'on aborde l’œuvre ; J'avais pesté contre le fait qu'on ne savait plus trop sur quel pied danser à la fin du premier film : thriller ou drame ? Le second opus continue sur cette lancée en brouillant sans cesse la narration, les développements et le chassé-croisé des personnages. Quand c'est pour retarder l'annonce de l'identité du tueur, c'est élégant. Quand c'est pour radicalement changer d'univers au beau milieu de l'histoire, c'est franchement relou. Passer d'un drame familial, noir, nerveux sur fond de pédophilie à un simili rape'n'revenge qui n'a rien à voir tout en étant séparé par du vaudeville tourné comme un Ozu avec ses couleurs ensoleillées (je n’exagère rien), c'est... euh... Sans parler d'une B.O qui pioche dans le... folklore écossais (!!!)

 

On peut finalement reconnaître au réalisateur un certain talent pour l'aspect visuel (par moments, une belle photographie) ainsi qu'une direction d'acteurs bien sentis. Quand il aborde la troisième témoin, on se dit qu'avec cette seule histoire, il aurait pu sortir un très bon long métrage : de très bons acteurs, une thématique forte (la famille, la violence familiale), de bons moments de tension et de noirceur. Évidemment, l'heure tourne et ça va trop vite.

 

Je ne parle pas de la dernière partie du film qui s'éternise, mais qui s'éternise, avec plusieurs rebondissements grandiloquents bidons à la minute, parfois sur une musique poussive alors qu'on nous l'a répété dix minutes avant, et de toutes façons, on le devinait dès le départ.

 

Je ne déteste pas, mais je suis particulièrement déçu par le côté brouillon et très "patchwork à la sauvage".

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