Eureka - Nicolas Roeg - 1983

[Florent]

 

Fascinant, poétique, intriguant, violent, érotique, sublime, sensuel, spirituel, magique.

 

Les adjectifs sont légions pour qualifier l’œuvre de Nicolas Roeg. Comme pour Ne vous retournez pas, Roeg réalise un film à l’ampleur incroyable. Il se sert d’une idée principale pour tisser des ramifications incroyables. En l’occurrence c’est encore l’amour et les relations entre hommes et femmes qui est au centre de l’histoire.

Jack McCann (incroyable Gene Hackman !) trouve après 15 ans de recherche un gisement d’or mais en le trouvant il perd un amour en la personne de Freida. Pour autant il réussira à construire sa vie malgré sa disparition. Devenu extrêmement riche (le titre du film est le nom de l’île sur laquelle il habite), Jack n’a plus d’objectif dans sa vie et lorsque son « partenaire » (Ed Lauter) tente de l’obliger à accepter une offre de la mafia, celui-ci refuse pour l’amour du pouvoir, à défaut d’être combler par l’amour physique. Car au fond cet homme n’a eu de cesse de chercher tout au long de sa vie l’amour de soi, des autres, être reconnu pour ce qu’il est, un homme honnête et entier.

L’amour pour sa fille Tracy (magnifique Theresa Russel ), âgé de 20 ans, est également un nœud de l’histoire. N’appréciant guère son mari (Rutger Hauer), son père lui demande de faire un choix entre lui et son époux. A contre cœur, elle s’en va avec Claude Maillot Van Horn (Rutger Hauer). Entre cette « abandon » et le projet immobilier entrepris par la mafia (incarné à lui tout seul par Joe Pesci) la tension monte crescendo pour aboutir à un final (non pas du film mais seulement de la première partie) d’une violence et d’une barbarie qui explose au visage du spectateur.

 

SPOILER La fin d’une époque se conclue par la mort de Jack, brûlé vif, tabasser et décapité (rien que ça). Le film aurait pu très bien s’arrêter là mais Roeg poursuit sa thématique de l’amour à travers le couple Tracy et Claude. Ce dernier est accusé par la police du meurtre et un jugement s’en suivra. SPOILER

 

Cette dernière demi-heure est le témoignage entre deux époux amoureux d’un amour résistant à toutes les épreuves. Mais la fin du film laisse penser qu’avant d’aimer autrui, il faut s’aimer soi même mais surtout d’avoir un désir dans la vie, un objectif. La fin peut-être vu comme le départ (ou non) de Claude vers son véritable avenir…

 

Pour résumer, Eureka est magnifique, réalisé avec énormément de maîtrise, les mouvements de caméra sont sublimes, certains plans (tous pour moi) sont emprunt d’une poésie rare. Les acteurs, Gene Hackman, Theresa Russell, Rutger Hauer, Mickey Rourke, Ed Lauter, Joe Pesci et Joe Spinell, rien que ça sont parfaits.

L’édition Cinémalta est de très bonne facture. L’image est perfectible mais découvrir le film dans des conditions vraiment très bonnes est déjà un atout majeur pour un film restait 2 ans au placard et qui connut une distribution limitée en salle.

Les bonus sont intéressants, même si ils sont trop courts (2 interviews), et permettent d’écouter Nicolas Roeg et Theresa Russel sur leur travail respectif.

 

Une merveille.