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Cesar 2008 -> La censure


Cyril

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On se croirait presque sur un forum qu'on connait bien ici !

 

Vu sur le site des Cahiers du cinema

 

Absent de Paris pour cause de tournage du prochain James Bond, Mathieu Amalric avait adressé à Antoine De caunes un petit texte à lire au cas où il recevrait le César. Ce qui advint, sauf que le-dit texte a été censuré de toute sa dernière partie. Le revoici, dans son intégralité, précédé du message électronique par lequel il nous l’a fait parvenir.

 

 

 

 

Message électronique de Mathieu Amalric :

 

De Panama je t’envoie le texte que j’avais envoyé au dernier moment aux Césars au cas où. Et comme le cas où est arrivé, il a été lu, paraît-il très bien, par De Caunes mais.... pas jusqu’au bout.

 

Je n’en reviens pas. Je ne savais pas que c’était si simple que ça, la censure.

 

— -

 

Antoine, tu le lis avec hésitation et bafouillements

 

Oui bon ben... euh... alors là on frôle le n’importe quoi :

 

Lindon ; trois fois nommé, zéro compression

Darroussin ; deux fois... nada

Michel ; quatre fois comme acteur... résultat blanc

 

Et le pompon, Jean Pierre Marielle. Sept fois nommé !!! Et jamais la fève, même pas pour les Galettes.

 

Chapeau ! ... De Panama, d’où je vous fait un vrai faux-Bon...D.

 

L’autre vilain de Lonsdale aussi il paraît.

 

Enfin, mouais, mais... non ce qui fait plaisir, c’est que le Scaphandre, c’est bien la preuve qu’un acteur n’existe qu’à travers, qu’en regard de ses partenaires. Parce que qui voit-on à l’image, qui fait prendre vie au Jean-Do de fiction ?

 

C’est Chesnais, c’est Ecoffey, Arestrup, Watkins. Ce sont Marie-José, Olatz, Consigny penchées vers lui, vers moi, vers vous, tendres, drôles et attentives. C’est Marina en Vierge Marie, c’est Emmanuelle Seigner qui joue pas la Sainte et qui du coup donne corps, chair et souffrance à Bauby. Ta fille aussi, Emma qui carrément provoque le miracle. Et c’était Jean-Pierre Cassel, doublement.

 

Le Papillon c’est la preuve que, quand il y a un réalisateur, les techniciens sont des roseaux pensants. Que tout se mélange, que sur un plateau tout est dans tout, qu’on peut être, (ce joli mot), une équipe PAS technique... parce que franchement qui c’est l’Acteur quand c’est Berto, le caméraman qui fait, qui EST le regard. C’est LUI qui, par les mouvements de sa caméra crée les mouvements de la pensée de Jean-Do.

 

Oui, quand il y a un réalisateur... Julian.

 

Je pense fort à une autre équipe. Celle, médicale, de l’Hôpital Maritime de Berck-sur-Mer où on a tourné et où Bauby a passé un an et demi. Le vrai et le faux, la réalité et la fiction... on ne savait plus. D’ailleurs c’est drôle, je me souviens. Le décor de la chambre, pour avoir plus d’espace, était reconstituée dans une grande salle au rez de chaussée de l’Hôpital, la salle des fêtes. Avec au dessus de la porte, une enseigne en grosses lettres rouges : CINEMA.

 

Ça ne s’invente pas.

 

ET LÀ DE CAUNES S’ARRÊTE

 

Mais la salle de cinéma. Oui, la SALLE de cinéma, elle, doit pouvoir continuer à s’inventer.

 

"A lire à la lumière. Et à diriger sur notre nuit" Notre musique.

 

Insupportable "trompe l’œil" des multiplexes. Les chiffres comme seule ligne d’horizon. Aveuglement, brouillage, gavage, lavage. Et quelle solitude. Vous avez déjà parlé à quelqu’un dans un multiplexe ? Pas moi. D’ailleurs c’est impossible, ce qui compte c’est le flux. "Circulez s’il vous plaît, y’a rien à voir" . Au suivant ! bande de Brel.

 

Alors que le travail souterrain, patient, divers, dédié au public, aux écoles, aux rencontres que font et on envie de faire tellement d’exploitants de salle se voit de plus en plus nié aujourd’hui.

 

La Question humaine n’aurait par exemple jamais fait autant d’entrées sans le travail de curiosité des exploitants de province et de l’ACRIF.

 

Ce tissu de salles, que le monde entier nous envie, est notre cœur, nos poumons.

 

Sinon...

 

Sinon on va tous finir devant nos "home cinéma" à se tripoter la nouille...

 

Bons baisers de Panama...

 

Mathieu

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Dans libé :

 

Antoine de Caunes tombe des nues : «Mathieu Amalric a demandé que ce soit moi qui lise sa lettre, nous confirme-t-il. A la dernière minute, on m’a passé quatre fiches et j’ai tout lu de la première à la dernière ligne. Vous pensez bien que je ne me serais pas privé d’une déclaration politique ni de la chute sur "se tripoter la nouille".» Le producteur exécutif des Césars (depuis six ans), Renaud Le Van Kim, surpris par la polémique, revient sur les conditions de cette coupe : «Nous avons reçu le texte par le biais de l’agent d’Amalric dix minutes avant la remise du prix, nous explique-t-il . Sur a utorisation expresse de son agent, nous avons décidé, avec Laurent Chalumeau [auteur des textes d’Antoine de Caunes] de raccourcir la lettre parce que nous avions déjà du retard. On a enlevé la partie sur les multiplexes parce que Jeanne Moreau venait, mot à mot, de dire la même chose.»
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