Aller au contenu

Danger Haute Tension - Paul Golding - 1988


Florent

Messages recommandés

 

Danger haute tension fait partie de ce genre de film que j’affectionne particulièrement. Il laisse la place à l’interprétation et permet au spectateur d’extrapoler à foison.

Sur une idée simplissime, une maison d’un quartier type « Desperate Hoousewife » est victime d’une surcharge d’électricité. Cette variation entraîne la mise en route des ustensiles de cuisine (broyeur, four, robot mixeur) de la porte garage ou d’une scie circulaire.

Paul Golding, dont c’est l’unique long métrage (à noter qu’il co-réalisa un court métrage avec Georges Lucas, Herbie [1966]), installe dès le générique une ambiance menaçante. Par de lents mouvements de caméra sur des lignes à haute tension ou de simples piliers, le réalisateur crée de ces éléments familiers une menace invisible. Beaucoup de thèmes sont abordés dans ce long métrage. Certains sont juste frôlés mais je vais me charger de fantasmer dessus .

 

Le film commence par le réveil de Bill (Cliff De Young) et d’Ellen (Roxanne Hart) du au saccage de la maison en face de chez eux. De violents cris et des coups intriguent tout le quartier qui s’approche de la demeure, lorsque la police arrive sur les lieux. Un courant électrique illumine la maison, et on devine la mort de l’individu.

 

Avec le générique et ce prologue, le spectateur est tout de suite mis sous pression. L’insécurité plane…

 

David (Joseph Lawrence), fils de Bill, passe deux mois avec son père loin de son Colorado. Une information importante qui viendra souligné en filigrane l’opposition entre l’urbanisme et ses dangers contre un retour à la nature distillé dans le film et prôné par un « vieux fou » (Charles Tyner). La nouvelle maison du jeune garçon dispose de tous les derniers gadgets technologiques du moment. Ce qui contraste avec sa maman qui ne possède rien de tout cela et qui pense dans l’effet négatif de ces appareils, notamment du four à micro-ondes. Les difficultés du divorce sont donc amenés petit à petit dans l’intrigue pour laisser la place à la possibilité (selon moi) que les phénomènes électriques sont peut-être seulement du à l’imagination du garçon. Une sorte de tentative, éculé dans nombre de films, de rabibocher le couple désuni. Mais cette piste là est coupée cour par le père. On peut comme même voir ces tensions électriques comme les symptômes d’un mal être pour un jeune garçon balader entre son père et sa mère.

 

Comme cela a été souligné par Jean Pierre Putters dans son Fantastic Guide du mois d’octobre (Mad Movies#190), David est l’enfant Roi. Sa belle mère comme son père tente d’apporter amour et affection à un gosse qui de toute manière n’espère qu’une chose, le retour de son père dans le foyer familial. Son rejet (nourriture, dédain envers ses parents) se traduit par l’envie de découvrir ce qui se trame dans ses problèmes électriques (la télévision qui devient folle, le lave linge qui se met en route). Pour cela, il part découvrir la maison de son voisin récemment décédé. Il y fait la rencontre du vieux fou qui vient apporter de l’eau au moulin des croyances de l’enfant et le conforte dans ses opinions : l’électricité est à l’origine du drame. Une version confirmé par le petit Stevie (Mathew Lawrence, frère de Joseph) qui lui explique dans le détails comment tout à commencer. Un processus qui est justement entrain de se réitérer dans la maison de David.

La pelouse (mal) arrosée par le système automatique contribue à symboliser l’assèchement des liens familiaux, ainsi que le premier signe d’une future désertification du foyer. Elle aura lieu lorsque Ellen sera victime de sa douche. Alors dit comme ça sa fait sourire mais dans le film, la belle-mère est victime d’un dérèglement (enfin pas celui que vous pensez ) qui augmente la température de l’eau et celle-ci devient tellement chaude qu’elle est ébouillantée.

 

Le jeune garçon et son père se retrouve relogé pour la nuit chez des voisins. Mais son père ne l’entend pas ainsi et durant la nuit regagne sa maison pour mettre les choses au clair (et oui une bonne discussion avec sa maison est tout s’arrange ). Alors que jusqu’à présent, il mettait tout cela (son fils à la limite de l’intoxication dans le garage, sa femme brûlé) sur le compte de malheureuses coïncidences, ce dernier est plus anxieux à l’idée de déambuler dans sa demeure. Un lieu qui n’a pas terminer son travail d’élimination…

 

À noter que le générique de fin est assez bien fait, et ce par la mise en parallèle de prise de vue nocturne de villes et de circuits électroniques. La ressemblances est frappantes et à force, on ne sait plus quelques sont les plans électroniques ou urbains. Un générique qui pose intelligemment la question centrale du film pourquoi des appareils électroménagers ou électroniques d’une manière générale, ne pourraient pas être dotés d’une capacité à agir ensemble (sorte de mémoire collective) ? Après tout l’homme est parcouru par l’électricité, c’est grâce à celle-ci que nous sommes réanimé. Notre différence est de posséder des organes mais nous sommes également des êtres (bio)mécaniques. Enfin, un vaste débat…

 

Un film, qui par bien des aspects, m’a fait penser à Runaway (1984) de Michael Crichton. Un petit visionnage s’impose donc pour confirmer.

 

En résumé : vivons à poil, dans une cabane, au milieu de la forêt .

 

Modifié par Invité
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 8 months later...

Excellent souvenir de cette série B à l'affiche française qui fait définitivement partie de mon p'tit univers de prime jeunesse!

Il ne faut pas s'attendre à des excès horrifiques, il y a juste qu'il faut de tension (hu hu) et de bonnes petites idées de système D dans un ensemble cinémascopé classieux du plus bel effet. C'est déjà vraiment pas mal.

A revoir perso!

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...