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Hors Satan - Bruno Dumont (2011)


MONSIEUR OUINE

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En bord de Manche, sur la Côte d'Opale, près d'un hameau, de ses dunes et ses marais, demeure un gars étrange qui vivote, braconne, prie et fait des feux. Un vagabond venu de nulle part qui, dans un même souffle, chasse le mal d’un village hanté par le démon et met le monde hors Satan.

 

Ce que le cinéma de Dumont gagne en métaphysique, il le perd en intensité. Ce qui était autrefois suggéré (la grâce, la possibilité d'une rédemption dans La Vie De Jésus, par exemple) passe aujourd'hui le stade du "représenté", à travers l'intrusion de motifs parfois un peu balourds.

Pour autant, Hors Satan est loin d'être un mauvais film, on est à la fois en terrain connu, tout en avançant dans des zones un peu nouvelles chez Dumont (questionnement sur la foi depuis Hadewijch, mais dénué de ses oripeaux religieux).

On en sort en se disant que c'est un Dumont bien mineur. Et puis on se surprends à y penser pendant 3 jours.

Une magnifique adaptation d'un livre que Bernanos n'aurait jamais écrit.

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Hadewijch est le film le plus bavard de Dumont.

Probablement son plus démonstratif et discursif. C'est là son point faible, même si je n'ai pas été indifférent au propos.

Hors Satan, en revanche, est probablement son film le plus laconique.

Son plus """fantastique""", aussi (grosses guillemets, hein)

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Vu en salles aujourd'hui et bien que grand adorateur du cinéma du Dumont, je reste plutôt partagé.

Effectivement, je pense que c'est son film le plus mineur.

Comme d'habitude un scope de malade et un travail assez dément sur le son (et les autres Dumont ils sortent quand en BLuray ???????)

 

Ce qui est déroutant et paradoxal, c'est que c'est son film le plus hermétique (c'est vraiment très lent, très dépouillé et presque dépourvu de scènes chocs par rapport à d'habitude) et en même temps l'un de ses films les plus simples (grosso modo c'est Théorème dans les dunes de la côte d'opale).

 

Certaines scènes sont sublissimes (la fille aux aisselles poilues "baptisée" dans la rivière), d'autres plus décevantes ou déroutantes (la scène où le gars tabasse à coup de bâton l'amoureux de fille semble hors de propos par rapport au reste du film; pourquoi donner une dimension christique au gars alors que le film semble beaucoup plus animiste?...)

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(grosso modo c'est Théorème dans les dunes de la côte d'opale).

Purée, ouais, c'est vrai, j'avais pas capté !

 

Certaines scènes sont sublissimes (la fille aux aisselles poilues "baptisée" dans la rivière)

J'irais même jusqu'à dire qu'il lui fait subir un truc finalement plutôt inédit, autant dans le cinéma que dans les rites religieux :

Il la délivre du mal - et vu son physique, elle n'a pas été choisie par hasard : Dumont voit en elle une sorcière - et la transforme en sainte

 

 

pourquoi donner une dimension christique au gars alors que le film semble beaucoup plus animiste?

C'est pas tout à fait le Christ qu'il symbolise, mais plutôt le Dieu de l'Ancien Testament, ce Dieu colérique et vengeur, qui punit, qui met les hommes au défi, qui les bouscule, les tuent au besoin.

 

Le personnage de l'Homme vit sur la plage, à l'abri derrière un petit mur délabré.

Ce petit mur apparait souvent dans certaines peintures flamandes et représente l'Ancien Testament aux yeux de nombreux historiens de l'art (dans cette Annonciation de Van Eyck, par exemple, l'église - aka le Nouveau Testament - apparait en premier plan, on peux donc considérer le petit muret au fond représente l'Ancien Testament sur lequel le Nouveau s'appuie tout en le rendant caduque)

Enfin, je crois que Dumont s'est appuyé là-dessus pour nous guider dans la lecture de ses images.

 

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Quelle érudition Bravo!

En fait avec plus de recul, ce film est vraiment intéressant.

Peu de clés sont données et chacun peut y voir son interprétation.

Perso, j'ai essayé de ne pas trop l'intellectualiser lors de la vision pour le regarder davantage en "vision automatique", à savoir en me laissant porter par les sensations qu'il procure.

Et c'est peut-être pour ça que j'y ai vu une dimension plus animiste (proche peut-être de la vision de la nature sauvage et barbare de l'ancien testament auquel tu fais référence).

Dans cette vision animiste, les éléments ont énorment d'importance (le grand feu qui ravage la végétation, l'eau purificatrice, le vent qui anime le feu la terre et le sable omniprésent, le soleil qui envoie on ne sait trop quoi, etc...

 

Quant à la sorcière aux aisselles poilues, son regard une fois purifié au sortir de l'eau est l'un des plans les plus subjuguants que j'ai pu voir sur grand écran!!!

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Dumont l'a dit lui-même : "Je ne fais pas un cinéma intellectuel, je fais un cinéma de la sensation".

 

Je crois surtout que les deux derniers films de Dumont interrogent l'indécrottable présence de ce vieux fond archaïque des religions qui s'obstine à exister dans nos sociétés malgré la constante avancée des progrès technologiques (qui auraient logiquement dû les balayer).

C'est drôle que ces questionnements proviennent de réalisateurs athées.

Dumont, Beauvois, Reygadas.

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