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Le diable - Andrzej Zulawski - 1972


Jeremie

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La réponse venue du froid au démentiel film de Russell The Devils ? Allez savoir...

Pas très convaincu par The third part of the night, errance urbaine glauque et kafkaïenne posant déjà les marques d'un cinéma enragé : j'ai été notamment plus séduit par ce Diabel dont la distribution fut largement freinée par son interdiction dans son pays natal.

 

Zulawski n'y allait pas de main morte dans son premier film, il poussera encore plus le bouchon dans ce récit (anti) initiatique, où il quitte les rives de l'Holocauste pour celles tout aussi meurtrières de la Pologne du 18ème siècle, alors frappée de remous sanglants.

Prisonnier politique pour d'obscurs raisons, Jakub est délivré d'une prison en proie au chaos par un étrange homme barbu vêtu de noir, qui s'empresse de supprimer son compagnon pour subtiliser une innocente nonne. Il lâche les deux individus dans la nature, mais revient furtivement à l'occasion, se proclamant conscience tangible du pauvre Jakub, le poussant à éliminer son entourage à grands coups de rasoirs...

 

Promu messie sauvage, le héros hirsute voit ses mains se couvrir de sang sans réellement comprendre comment, poussé par des pulsions jusque là enfouies, croisant et décroisant des âmes aussi perdues que lui. Zulawski nous embarque dans un train pour l'enfer, nous ballade dans un pays sinistre balayé de carnage et de figures malfaisantes, envieuses et frustrées, avec ses bourgeois dégénérés, ses orgies débiles, ses familles tragiques.

 

Le futur réalisateur de Possession blasphème à loisir, se permet inceste, barbarie et homosexualité (intervention de deux personnages particulièrement troubles), ne démentant jamais sa passion pour les grands décors suintant la mort (pièces trop grandes ou trop petites) où vient valdinguer avec plaisir une caméra agitée des mêmes spasmes des acteurs.

Le réalisateur y reprend par ailleurs les deux acteurs principaux de The third part of the night, le faussement fragile Leszek Teleszynski (et son mono-sourcil) et la toujours enceinte Malgorzata Braunek ; on y retrouve également le score expérimental de Andrzej Korzynski, un tantinet plus varié, bien que que des sonorités plus lyriques n'auraient pas été de refus face aux situations dépeintes.

Extrême violence des sentiments, des actes, du rythme (les 2H sont épuisantes mais valent le détour), des mouvements de caméra : Le diable, c'est un peu Candide au pays de Maldoror.

 

Un grand film (de) malade.

 

Le dvd de Maladiva est malheureusement très moyen : prix un peu trop élevé, copie restaurée mais finalement très moyenne (et seulement 4/3 !!), aucun bonus...

 

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