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Le fleuve de la mort - Tim Hunter - 1986


Jeremie

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Matt et ses amis passent leur journée à se défoncer, errant entre l'école et la rue sans aucun but, sans aucun avenir. L'un des membres du groupe, Samson, une brute avec quelques cases en moins, revient de la rivière et raconte qu'il a tué sa copine Jaimie. Alors que tout le monde croît d'abord à une farce, la vue du cadavre leur ôtera toute idée de plaisanterie de leurs têtes enfumées. Alors, qui dénoncera/dénoncera pas ?

 

Les premières minutes atteignent un niveau assez stupéfiant dans la poésie cotonneuse et la rêverie sordide : un petit garçon androgyne jetant une poupée à l'eau avant de fuir à bord de son bmx sur un pont brumeux, une silhouette indistincte criant dans la campagne avec à ses côtés le corps d'une jeune fille nue, les yeux éteints, les formes violacées, étendue dans l'herbe glacée. Et une rivière trouble, boueuse, dans laquelle il n'est pas bon de se baigner.

 

Bien avant l'avènement du white trash, River's Edge se pose en prédécesseur et pionnier méconnu, avec un regard froid et contenu, délaissant l'idée de tout pathos ou de racolage facile. Le film a beau se dérouler dans les 80's, la patine de son époque n'est pas si appuyé que ça, à tel point qu'il fasse encore illusion aujourd'hui : cette jeunesse camée est restée immuable, rejetons d'une révolution borderline et de géniteurs qui ont vite fait de baisser les bras.

Une douce audace couronnée par un sens de la bizarrerie vaguement lynchien (le film est éclairé par le chef op de ses premiers films), de ce corps sans vie où ça s'agite sec brûlant la priorité à la cultissime Laura Palmer, en passant par la quiétude psychotique du personnage de Dennis Hopper, dealer unijambiste dansant avec sa poupée gonflable la nuit tombée. Le tout rondement mené par un Keanu Reeves un brin grunge et un Crispin Glover n'ayant jamais peur d'en faire trop. Très surprenant.

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