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Mondo cane- Franco E. Prosperi (1962)


The Wall

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Je ne suis pas un grand spécialiste du mondo, mais il me semble que celui-ci est le premier du genre. Le procédé employé est toujours le même. On suit un certain nombre de reportages censés comparer les hommes et les animaux et montrer les hommes sous un angle peu flatteur. L'ensemble est une succession de contre-vérités et de scènes voyeuristes assez absurdes, toutes teintées de sadisme et de cruauté, notamment envers les animaux (on voit des hommes tuer des requins en leur faisant avaler des oursins :shock:) On notera tout de même une qualité que n'ont pas forcément les mondos ultérieurs : il y a un véritable effort de mise en scène et certaines séquences sont vraiment très inspirées comme celle des cranes humains sous l'eau (de quoi réjouir tous les amateurs de macabre). On n'est pas pour autant obligé d'adhérer au discours raciste et complaisant de ce "documentaire" ayant plus aujourd'hui valeur de document sociologique que réellement scientifique.
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[quote="The Wall"]Je ne suis pas un grand spécialiste du mondo, mais il me semble que celui-ci est le premier du genre. [/quote] c'est celui qui a lancé la grande vague mais ce n'est pas le premier "document" de ce genre. L'histoire du Mondo remonterait aux débuts du cinéma, en 1903, Thomas Edison filme "The Electrocution of an Elephant" et "An execution by hanging", tout à fait l'esprit Mondo, choc et voyeuriste. Dans les années 50, nombre de films "educatifs" Americains, notamment sur l'Afrique et les modes de vie de tribus dites "primitives" (comme Karamoja en 1954, déja assez graphique, insistant sur des scènes de scarifications etc...) J'aime beaucoup l'humour cynique de Mondo Cane (genre le parallèle entre les vieilles et leurs petits toutous d'un côté, et de l'autre les echoppes chinoises ou on prépare du Berger Allemand dans la marmitte) et aussi cette façon de détourner la réalité, en 62, la vision du monde pour tout un chacun tenait peut etre encore pas mal du fantasme. J'imagine l'ouvrier Italien qui a l'époque va voir Mondo Cane et à qui on dit que "sur cette ïle de rêve perdue au milieu de l'océan Pacifique vivent des tribus de femmes qui passent leur temps à chasser des hommes.... " et voir des donzelles en bikini sauter sur un pauvre malheureux pour le violer littéralement, ça fait rêver quand même nan? :D
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A noter le passage sur Yves Klein (maintenant une star de l'art moderne) ou des nanas à poil pleine de peinture bleue se frottent sur des toiles et celui des sosies de Rudolphe Valentino :D Pour le reste, certains passages sentent vraiment l'arnaque, n'empeche qu'il fallait oser en 1962 en plein festival de cannes 8)
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  • 3 years later...
  • 3 years later...

Vu cet après-midi, et c'est super. Les commentaires bien racistes, le montage sous forme de marabout - bout de ficelle (et en même temps, ça fait souvent sens), et pas mal de vacherie humaine qui fait mal. Les mecs qui se font encorner, les allemands bourrés ultra-glauques, et surtout la scène du port de pêche avec les amputés et les pêcheurs qui se vengent en faisant bouffer des oursins empoisonnés aux requins (ça doit pas être bien efficace pour manger, mais c'est pas ça qui les intéresse : le requin est hallucinant, on dirait qu'il est en mousse, mais apparemment c'est un vrai).

 

Dernier truc : la fin géniale sur le culte des cargos : faudrait voir en terme de dates, mais je serai pas du tout étonné que Gainsbourg ait vu ça et s'en soit servi pour Melody Nelson. On est vraiment dans le meilleur du mondo : prendre un fait étonnant, possiblement bidon, impliquant des peuples "primitifs", pour en faire quelque chose d'assez poétique.

 

Content de l'avoir vu.

 

Pour voir des extraits : http://www.vice.com/fr/read/dix-trucs-badass-dans-mondo-cane

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le culte des cargos n'est pas un fait bidon (d'ailleurs il n'y a pas grand chose de bidon à ma connaissance dans le 1er mondo cane) et vu l'immense succès populaire du film à sa sortie, presque 10 ans avant l'album de gainsbourg, c'est très plausible qu'il s'en soit inspiré.

 

sinon je ne vois pas trop de discours raciste dans le film : jacopetti n'est pas plus tendre avec les "blancs civilisés" qu'avec les "sauvages", son montage très habile mettant en évidence l'absurdité de nos rites par contraste avec ceux des autres cultures. le dernier plan résume parfaitement le point de vue très cynique du film : qu'on se prosterne devant une croix ou un avion, le ciel reste vide pour tout le monde.

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J'avais fait une review il y a bien longtemps, ça donnait ça

 

Au début des années soixante, un documentaire sensationnaliste, Mondo cane, et sa suite directe, Mondo cane 2 (un métrage essentiellement composé de chutes du premier), vont donner naissance à un épiphénomène dans le cinéma bis italien : la vague des « Mondo films ». C’est sous cette appellation que furent regroupées toutes les imitations crasseuses des titres précités, soit une poignée de « documentaires bis » qui, capitalisant sur leur côté « snuff », ce sont avérés autrement plus trash, racoleurs et voyeuristes que leurs deux sources d’inspiration (qui portaient cependant tous ces germes en elles). Ainsi, il ne faut pas oublier que les deux Mondo cane (1962 et 1963) valent mieux que leur progéniture difforme à laquelle ils sont, aujourd’hui, souvent assimilés à tort.

 

De quoi est-il question dans Mondo cane et sa suite ? Voilà une interrogation à laquelle il n’est pas aisé de répondre même lorsque l’on a visionné les deux œuvres en question. Partis aux quatre coins du monde, des réalisateurs italiens (Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi et Paolo Cavara) ont traqué l’insolite et le bizarre. Le propos consiste surtout à souligner les contrastes, à dévoiler comment l’être humain, organisé en société(s), peut faire tout et son contraire. Un exemple assez représentatif : aux Etats-Unis, certains chiens bénéficient de luxueuses sépultures quand, en Chine, les mêmes animaux font office de denrée alimentaire très prisée. Si les documentaires ont bien un côté décousu, et que l’on saute souvent (volontairement) du coq à l’âne, plusieurs thématiques récurrentes peuvent être néanmoins identifiées : les comportements humains étranges, les rapports variés entre l’Homme et l’animal, les pratiques religieuses absurdes, la nourriture, le choc des cultures, la mort. Dans ce cadre, l’objectif des réalisateurs est de tout montrer sans rien édulcorer. Une volonté de réalisme certes, mais aussi une indéniable envie de choquer l’audience comme l’atteste le cynisme de certains raccords. Si, à l’image, tout est authentique, on peut en revanche avoir quelques doutes sur ce que nous expose une voix off quasi-omniprésente et posée comme omnisciente. Ainsi, certaines pratiques probablement rarissimes nous sont présentées comme la norme dans certains pays ou milieux. Des généralisations douteuses qui côtoient des interprétations parfois hasardeuses. Tout montrer (l’image), tout expliquer (la voix off) mais ne jamais interviewer (les « acteurs » n’ont pas droit à la parole), tel est le credo de Mondo cane et de sa suite.

 

Au moment de sa sortie (dans les années soixante), Mondo cane fit l’effet d’une petite bombe dans le paysage cinématographique. Si le genre documentaire n’avait bien sûr pas la place qu’il occupe aujourd’hui, il était surtout très « sage » et engoncé dans des pratiques répétitives (montrer souvent les mêmes choses, ne pas déranger). A l’heure de la banalisation de la violence sur les écrans (et notamment dans les journaux télévisés), de la démocratisation d’Internet, du développement conséquent des transports aériens, des caméras utra-légères et des chaînes TV dédiées au documentaire, les deux Mondo cane n’ont évidemment plus le même impact. Toujours est-il que l’on peut tout de même bien imaginer le choc chez les spectateurs de l’époque et comprendre certaines réactions enfiévrées de la part de la critique d’alors.

 

Malgré toutes les réserves que l’on peut émettre sur leur forme et leur contenu, les Mondo cane ont conservé une partie de leur pouvoir de fascination et demeurent de curieux objets cinématographiques qui, à leur façon, ont su faire avancer les choses.

 

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jolie critique

j'emets néanmoins des réserves sur ce point :

Si le genre documentaire n’avait bien sûr pas la place qu’il occupe aujourd’hui, il était surtout très « sage » et engoncé dans des pratiques répétitives (montrer souvent les mêmes choses, ne pas déranger).

certes en termes de violence visuelle, il n'y a pas vraiment de comparable, mais les docs sur les cabarets et les nudistes avaient la côte alors qu'ils n'étaient pas du goût de tout le monde

et Bunuel n'y allait déjà pas avec le dos de la cueillere 30 ans auparavant dans Terre Sans Pain

 

quant à l'absence d'interview, je ne veux pas m'avancer à dire une connerie, mais il me semble que la pratique était encore loin de s'être généralisée dans les doc de l'époque.

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