poussé vendredi dernier soir par l'envie de laisser la télé éteinte de peur que le vide béant n'en fasse exploser le tube cathodique, j'ai décidé de sortir ma carcasse et me confronter à la chaleur moite d'une salle obscure. Le choix était dantesque, du moins sur le le site internet, pas moins de 12 salles peuplées de films tous plus alléchants les uns que les autres... mais c'est Byzance, me dis-je !! Sauf que, ch'timania galopante faisant, un bon quart des films s'était vu déprogrammé... dont celui que je voulais voir en priorité -non, ne riez pas- Chasseurs de Dragons. N'ayant pas non plus envie de tourner talons et rentrer dans mon gourbi infâme après une promenade de 20 minutes (c'est le temps qu'il me faut pour rallier le multiplex CGR, hein, vous vous en foutez totalement, je parie...), eh bien... je me suis rabattu sur ce qui me paraissait être sur le papier un honnête polar, et c'est ce dont je vais parler maintenant. Imaginez un flan. Vous avez tous les ingrédients devant vous, tout le temps pour le faire et le four qui préchauffe déjà. Et vous vous appliquez pour le réussir, et à la fin, quand vous le démoulez c'est une pâte informe qui vous asperge les pieds. La cuisine embaume bon le flan, le sol est tout jaune, mais c'est proprement immangeable. Eh ben, crimes à Oxford c'est la même chose. Deux heures de profonde indifférence à voir le jeune et le vieux s'engueuler à grands coups de notions mathématico-philosophiques nébuleuses qui nous dépassent totalement, sur fond d'enquête policière molle du genou. Des fausses pistes mort-nées histoire d'égayer momentanément l'intrigue, des personnages secondaires qui n'apportent pour ainsi dire rien à la chose, pas même Dominique Pinon en chauffeur de bus pour handicapés. Evidemment, il y a John Hurt en brillant mathématicien que tout le monde à Oxford respecte tout en le haïssant, et Elijah Wood en étudiant qui se démène à essayer de résoudre l'énigme, de briller aux yeux de son idole et de ne pas se mettre lui-même dans la merde. Mais non, même ça ne passe pas. Elijah manque de crédibilité (principalement parce qu'il ne fait tout simplement pas étudiant en mathématiques), ne passe pas non plus en bourreau des coeurs, et encore moins dans les scènes "chaudes" ou qui essayent de l'être. Par contre, son faire-valoir féminin passe mieux, parce qu'elle a une opulente poitrine que l'on voit souvent en gros plan. Bref tout ça sonne faux, comme une tentative ratée pour faire un bon film de ce qui doit être un roman complexe. On se perd facilement dans les discussions théoriques, ou alors on n'y comprend rien, et le final laisse totalement sur sa faim. En plus on n'y rigole même pas, et comme tout ou presque est filmé en plans rapprochés, pas de belle photographie du campus non plus. Tout ce que j'en ai retenu, c'est que le "facteur d'incertitude" de Heisenberg peut cohabiter avec la Théorie du Chaos (le célèbre battement d'ailes du papillon). Mais c'est pas ça qui va me faire déguster mon flan au dessert. Et je préfère les livres de Frank Herbert, parce que quand il parle d'Heisenberg on comprend mieux. D'ailleurs, en rentrant chez moi j'ai momentanément laissé Desproges sur la table de nuit pour reprendre " le dragon sous la mer". Vengeance légitime. Voilààààààààààààààààààààààà.