L'extravagant voyage du jeune... - Jean Pierre Jeunet - 2013

[Jeremie]

 

Petit génie d'à peine dix ans, T.S Spivet ne se retrouve pas dans sa famille, entre une mère collectionneuse d'insectes, un père cow-boy, une soeur gourdasse et un frère jumeau turbulent. Inventeur d'une machine à mouvement perpétuel, il rafle un prix scientifique mais doit se rendre à Washington le récupérer : il dissimule alors son âge au comité et fugue pour prendre la route...

 

On parlait quelques topics plus loin d'Un Long Dimanche de Fiançailles qui représente, selon moi, ce que Jeunet a pu faire de mieux (j'aime beaucoup Amelie Poulain ceci dit). Mais après, que dire d'autre ?

Micmacs à tire larigot, que tout le monde a déjà oublié, ressassait les mêmes obsessions de son auteur.

Inutile de se voiler la face, T.S Spivet est bien un film de Jeunet, avec une voix off revenant sur des détails insolites, un ton à mi-chemin entre le dessin animé, le conte et la tragicomédie...sauf que là où Jeunet a toujours privilégié une imagerie plus française que française, T.S Spivet en est l'opposé. Grosso modo, il s'attaque aux Etats-Unis et gratifie les States du même traitement qu'à son pays natal : grandes plaines desertes, bisons, grange sentant bon le cookie, cow-boy petit et grand...on va pas se mentir, c'est très beau (la 3D est chouette) mais on dirait un peu une pub McCain

 

Pour ce qui est du reste c'est un peu long, assez bizarre, pas très drôle : je ne sais pas si c'est le fait de passer d'un continent à un autre, mais on le sent moins à l'aise et un peu plus figé (façon de parler). J'aime bien la manière dont il d'aborde la mort dans un sujet qui aurait pu être traité dans les années 90 pour finir par ressembler à L'incroyable North ou à Maman j'ai raté l'avion, et puis là c'est étonnement grave, enfin du moins par instant. Helena Bonham Carter ne se croit pas chez son mari et c'est pas trop mal, Judy Davis fait un peu fausse méchante de prod disney (sauf que chez Jeunet, elle peut se permettre de dire des insanités). C'est pas génial, pas mauvais non plus, mais on sent un coup de mou quand même. À se demander si Jeunet a encore quelque chose à dire...

[Yatta-Man]

Putain j'étais absolument pas au courant qu'il y avait un nouveau Jeunet en salles. Y'a eu de la promo ? Ca marche ? C'est dingue j'ai absolument RIEN vu passer à ce propos.

[Jeremie]

J'ai eu l'impression que ça s'est fait un peu au dernier moment mais c'est clair que ça fait pas grand bruit. Limite on en a parlé car le film concurrence Gravity à l'Imax mais ça s'arrête là...

En même temps, on peut comprendre, c'est loin d'être fou, mais pour un réalisateur aussi célébré y'a quelques années, c'est assez étrange...

[DPG]

Sinon pr ta question "Ca marche ?", c'est juste un bide CA-TA-CLYS-MIQUE avec 16 000 entrées France premier jour....

[kevo42]

Je l'ai vu et ça m'a aussi laissé une drôle d'impression. C'est un film de deuil déguisé en film pour enfant. Comme si Jeunet ne s'autorisait pas à être sombre, mais que ça ressortait malgré lui.

 

Je me suis un peu ennuyé mais j'ai trouvé ça mieux que ce que je craignais.

[Kerozene]

Vu aujourd'hui dans une salle comble avec mes gamines... Je savais que ça causait d'un gamin livré à lui-même pour aller chercher un prix scientifique prestigieux, mais l'histoire n'a finalement rien à voir avec ce canevas qui ne sert finalement que de support à ce que jeunet nous raconte. Il s'agit de quelque chose de réellement tragique: l'acceptation de la perte d'un être cher, un fils, un frère, le sentiment de culpabilité, la perte des repères et priorités suite au traumatisme que cela entraîne, et tout cela vu à travers le prisme d'une famille moyenne, un peu particulière certes, mais d'une façon assez généraliste; je veux dire par là qu'au travers des yeux d'un enfant (Spivet donc), la famille doit inévitablement lui sembler particulière comparée aux autres.

N'ayant jamais vécu ce genre de situation, il m'est difficile de pouvoir évaluer l'impact du film sur des personnes concernées par de tels drames, mais j'ai tendance à croire qu'il peut potentiellement leur apporter une certaine forme de réconfort. Le savoir-faire de Jeunet, sa patte visuelle, son exploitation de la 3D, finisse de rendre l'ensemble séduisant, et visiblement captivant pour les gosses qui n'ont clairement pas l'habitude de se voir balancer un film sur le deuil tous les jours.