Je ne suis pas d'accord avec tout ce qui est écrit au-dessus. Revu ce couteux objet atmosphérique, basé sur Goodis, tournée à 90% à Cinecitta, qui fit couler beaucoup d'encre à sa sortie, et notamment lors de sa présentation à Cannes, unanimement sifflée. L'ayant encore bien en tête, je l'ai regardé directement accompagné du commentaire audio de Beinex. Vraiment passionnant, riche d'anecdotes et de p'tites histoires dans la grande du cinéma. On apprends notamment qu'à l'origine le film durait 3h40 Et qu'il est vain d'espérer en voir plus un jour, Beinex nous apprenant qu'un bureaucrate de Gaumont a tamponné la demande de destruction de tout le matériel de son film pour éviter des frais de stockage. C'est un régal, il balance à tout va sur Depardieu, sur les actrices, sur Berlusconi, sur les critiques, sur la profession, sans jamais donner l'impression d'aigreur. Singulier rendu d'exercice. Le film, lui, est à l'image du souvenir qu'il laisse au spectateur : une déclaration d'amour à Kinski, dans l'univers crasseux et alcoloo de Goodis aux parfums de Fassbinder et de Genet, d'une ambition visuelle quasi autistique, d'un refus de la concession nourri d'un orgueil incroyable. Il a plus que jamais cette dimension d'oeuvre maudite, certes loin d'être parfaite mais dont justement toutes les aspérités nourrissent le rendu. En un mot comme en dix, cela vaut vraiment le détour. Et pour les plus bisseux, la scène d'intro avec Katya Berger d'"Anthropophagous" est une petite touche qui n'est pas pour déplaire. La copie présentée sur le DVD M6 est assez inégale, d'une définition parfois douteuse mais globalement cela reste honnête. Très beau mixage sonore, valorisant judicieusement la (très belle) musique de Yared. En bonus caché, le premier court de Beinex. [dmotion]12602107[/dmotion]