Le film esquissa (malheureusement) la compet' et a raflé quand même la queer palm et un prix d’interprétation féminine (ultra mérité pour l'incroyable Suzanne Clement). C'est mieux que rien Sinon ben, bibi il l'a vu à l'occasion de la sélection cannoise faites par le MK2 Bibliothèque : anecdote amère au passage, l'AV avait lieu samedi dernier (séance ultra LGBT, cela va sans dire ) et au bout d'une heure de test catastrophique, de lumière allumée et éteinte, et de gueulante, le film a été annulé un peu surprenant pour un grand cinéma ayant l'habitude projeter des films...à croire que dès qu'on repasse au 35 Mm, c'est le bordel à tous les étages ! Gros scandale quand même pour ceux qui s'étaient déplacés pour l'occasion : billets remboursés pour ceux désireux de récupérer leur fric, et séance reportée pour les autres. Celle-ci a eu lieu hier soir, et sans aucun soucis...cette fois Sinon ben je suis pas étonné, de voir qu'on frôle encore le chef d'oeuvre, si ce n'est qu'on est en plein dedans plus j'y pense : oui le film fait 2h40 mais il traite de la vie d'un couple durant 10 ans (et de 89 à 90, ce qui nous vaut un voyage dans le temps musical/vestimentaire dès plus ) et jamais j'ai eu l'impression de voir des longueurs ou des passages inutiles. Tout est à sa place, c'est jamais gratuit, toujours juste et beau, voire drôle (formidable Monia Chokri en belle soeur lesbienne). Beaucoup ont reproché à nouveau les coquetteries visuelles de Dolan : ben moi je kiffe le côté clip, très accentué une fois de plus, avec à la clef, une utilisation de Fade to Grey et de The funeral party qui m'a fait quitter la terre pendant quelques minutes. Dolan pouvait paraître pretentieux de nous causer des problèmes de coeur, ici il va plus loin encore : une époque qu'il n'a pas connu, au service d'une situation qui ne peut lui être qu'étrangère : la vie d'un couple adulte, au coeur d'un lourd problème de genre et de sexe. Maintenant, la question est "a t-on besoin d'avoir connu certaines choses pour les filmer ?" Pas sûr...surtout que Dolan prouve qu'il a définitivement tout compris. Qui plus est, c'est encore plus fou et ambitieux que Les amours imaginaires, qui fait bien timoré à côté du coup.