Justement, on peut se demander dans quelle mesure ce ciblage, cette sectorisation de la clientèle ne nuit pas à l'élargissement du public (en tout bien tout honneur évidemment). Mes premières envies des cinéma asiatique viennent entre autres de Mad. Je me souviens comme nombre de lecteurs assez agés pour l'avoir connu du dossier de présentation de la première importante vague d'animés japonais en VHS chez PFC. S'il était paru dans un magazine ne s'adressant qu'aux initiés, on peut imaginer ques ces sorties auraient éveillé moins d'envies. Ce qui ne veut pas dire que d'autres parutions plus pointues ne peuvent pas exister, mais l'idée de réserver les spécialités aux spécialistes n'est pas forcément une approche très promotionelle. Tu as moins de probabilités de leur vendre, je suis bien d'accord. Mais forcement, tu dois à un moment vendre à l'un d'eux, puisque d'un coté tu perds des acheteurs (c'est obligatoire, les intérêts et le mode de vie des gens varient), et donc soit le public se renouvelle soit il disparaît. Après, je crois que si on met de coté les grosses machines à rouleau compresseur publicitaire qui n'évitent personne, les raisons de la facilité propagation d'une oeuvre artitistique sont multiples, complexes et circonstanciées. Et difficilement sujettes à prévision. Ce que tu expliques à propos du film de King Hu montre bien que la notion de "fan de ciné asiatique" ne reflête pas forcément grand chose en termes de clientèle. Le cinéma asiatique est traversé par plusieurs genres, et n'en est pas un lui-même. Rien ne dit que l'amateur lambda de Ring ne préfèrera pas se diriger vers un film d'épouvante US plutôt que vers un Stephen Chow typique. Toi-même dis pouvoir être tenté par certains titres, et pas par les autres. Et peut-être un jour tu seras tenté d'explorer assiduement un pan du cinéma asiatique attiré par telle ou telle affinité, esthétique ou autre. Ou pas. Il existe certes un groupe restreint de spectateurs qui suit de très près tout ce qui concerne les films asiats, mais ils sont tès peu, et ce ne sont pas eux qui forment le public de The Host, In the Mood for Love, les Ghiblis, Oldboy, Lady Vengeance... sinon les entrées se chiffreraient en quelques centaines, quelques milliers tout au plus