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Julien

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Après le mémorable Choke, ou comment gagner sa vie en vomissant dans les grands restaurants, et le déroutant Fight Club, on pouvait croire que Chuck Palahniuk avait épuisé son stock de drôles d’atteintes au bon goût et à l’esthétiquement correct. Grave erreur, comme l’apercevront tout de suite les lecteurs d’À l’estomac, son livre le plus long et le plus ambitieux. À la fois recueil de nouvelles, de poésie et roman, ce texte met en scène un bataillon d’aspirants écrivains coincés dans un ancien théâtre par un mystérieux démiurge au visage de vieillard et aux moeurs d’enfant. Au programme : leçon sur les dangers des méthodes alternatives de masturbation, descentes d’organes, mutilations, cannibalisme, traité des joies de la clochardisation. Nos littérateurs trash peuvent trembler, non seulement Palahniuk va infi niment plus loin qu’eux, mais en plus il place toujours ses outrances du côté du rire. Mieux, leur somme forme une réflexion complexe sur la transformation de l’information en dramaturgie. Un livre où tout est permis mais où rien n’est gratuit.

 

Le dernier Palahniuk s'appelle donc A l'estomac. Il aurait du s'appeler Hanté, ou Possédé, ou tout autre synonyme, plus court, plus brutal. Le titre français fait penser à une traduction d'une mauvaise nouvelle d'Ernest Hemingway, une de ces histoires de rédemption moyenne qui se passerait sur un ring oublié de l'Espagne ou de l'est du Pécos, une histoire d'hommes sensibles et meurtris.

Sauf que le dernier Chuck Palahniuk c'est tout simplement le contraire. C'est l'histoire d'une bande d'écrivains égotiques qui se constitue dans l'idéal d'une hostilité : partis en retraite pour écrire leur chef d'oeuvre, ils se retrouvent enfermés dans un théatre souterrain, sans espoir de sortie.

Devenus prisonniers volontaires de cet enfermement, ils livrent chacun leur tour le traumatisme initial marquant leur entrée dans la fiction. Leur récit collectif, c'est une création qui s'exprime a la première personne du pluriel et met épisodiquement sur le devant de la scène un de ses membres ; comme dans un groupe de parole, ou plutot comme sur les planches d'une stand up comedy, chacun des membres progresse tour a tour dans l'horreur, dans la folie, repoussant les frontières du sordide à la manière des comiques américains qui se refilent des blagues obscènes avant d'entrer sur scène.

 

"J'aurais préféré qu'elle soit morte"

 

Cette obscénité dégradante, source de comique la-bas, source de malaise pour le lecteur-spectateur est une partie de la farce en soi. L'attrait pour le morbide ne parvient pourtant jamais a égaler le penchant burlesque de l'ensemble, la trace d'une folie collective qui plane sur tout le texte parvenant à subsister aux outrances monstrueuses des protagonistes.

La galerie des horreurs dépeinte dans la collectivité est telle, qu'on sent un moment que Palahniuk va se planter, nous laisser une fois de plus au coeur d'un de ces romans où le personnage principal est un romancier qui décrit son processus d'écriture, au milieu d'un jeu gore qui n'a pas plus d'intérêt que le démontage de sa propre cuisine interne.

Palahniuk parvient a désamorcer ces craintes en utilisant cette image et en faisant progresser l'obsession de célébrité du groupe qui constitue un repoussoir à identification. Ceux qui sont enfermés dans le théatre possèdent en majorité des bonnes histoires, mais n'ont aucun moyen de s'en sortir. C'est aussi un monde incompréhensible où ceux qui s'en sortent n'ont plus rien à dire. Une phrase echappée du livre, de la bouche de la mère d'une enfant disparue : "J'aurais préféré qu elle soit morte".

L'incarnation de cette sitcom, balancée comme un reality show en aveugle, est malheureuse, bien entendue. Le titre français a un mérite, il nous avertit : C'est effectivement l'estomac bien accroché que se fait la visite de ce freak show, un solide paquet de nerfs, de sang et de tripes attendant ceux qui chercheront la clef de cette parade sauvage.

 

Une énorme claque pour moi...un plaisir de tous les instants à la lecture...dérangeant, énervant, gerbant, jouissif, intelligent...vraiment un petit joyaux !!!

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  • 2 weeks later...
  • 1 month later...
  • 3 weeks later...

 

me suis lu ca, j'ai trouvé ca particulier. le dessin est plaisant, mais les relations de jeunes ados américains post 69 et leurs rapports au sexe n'est pas un sujet qui m'a captivé plus que ca...mais c'etait pas mal

ambiance psyche, peur des rapports sexuels, peur du système us actuel

 

 

 

je viens de terminer ca.

 

Et bien c'est pas, classique, mais pas mal, bien documenté, précis, avec pas mal de référence (du style fragonard et ses écorchés)

dommage qu'on n'est pas l'accent du chnord sur le papier!

 

et j'attaque:

 

j'avais déja lu son titre phare "pimp" qui est un très bon bouquin

la, sur la même veine, mais sur les arnaqueurs black du siècle derniers

des beaux discours d'embobineurs, un traduction qui est fort plaisante.

en tous cas, le rythme, l'ambiance sont à nouveau là. ca se dévore

en plus l'edition est de bonne qualité, un plus pour la lecture quand même! (l'olivier)

recommandé chaudement

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William Frederick Kohler, le narrateur du Tunnel, est un historien reconnu qui vient d’achever la rédaction d’un énorme ouvrage intitulé Culpabilité et innocence dans l’Allemagne de Hitler. Mais, au moment d’en rédiger l’introduction, Kohler se met à écrire un tout autre texte, une tout autre histoire – la sienne.

 

Délaissant l’objectivité de son projet initial, Kohler raconte tour à tour son enfance malheureuse (un père sectaire et arthritique, une mère alcoolique), sa liaison avec Lou, sa passion pour la chanteuse Susu, ses vicissitudes d’enseignant, ses collègues… et le cauchemar conjugal qu’il vit avec son épouse Martha.

 

Craignant que cette dernière découvre ces pages intimes, Kohler les dissimule entre celles de son ouvrage historique. Dans le même temps, il entreprend la construction d’un tunnel dans le sous-sol de sa maison. Creuser et écrire se répondent alors, comme si Kohler pratiquait un trou dans le langage même, afin de lui arracher ses pires secrets.

 

À la fois méditation sur l’histoire et ceux qui l’écrivent, pastorale américaine et cauchemar non climatisé, Le Tunnel est une prodigieuse et terrifiante plongée dans la noirceur de l’humain, une tentative pour exposer au plein jour cette part maudite que Gass appelle « le fascisme du cœur ».

 

« Le Tunnel est le roman le plus beau, le plus complexe, le plus dérangeant que j’aie eu l’occasion de lire à sa sortie. Un livre sombre, noir. Je reste foudroyé par la beauté de sa langue, de sa construction, sa mélancolie et sa peinture de la condition humaine. » MICHAEL SILVERBLATT, The Los Angeles Times

 

« Le Tunnel est une réussite prodigieuse et de toute évidence un des plus grands romans du siècle, un roman digne de figurer aux côtés des chefs-d’œuvre de Proust, Joyce, Musil. Je suis heureux d’avoir vécu assez longtemps pour le lire. » STEVEN MOORE

 

Ce livre est tout simplement un chef d'oeuvre...

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  • 1 month later...

 

Pour le moment (une centaine de pages) c'est une deception pour le fan hardcore de Beigbeder que je suis. Ca reste dans son style, mais pas vraiment de progression ou surtout de reelle ambition litteraire. Plus un empillage de formules destinées à faire mouche, du name dropping à gogo, des récits de moments de vie, sans enchainement, sans passion.. Ca passait encore pour son precedent déjà décevant car c'était clairement annoncé comme un journal. Là, de suite, ça sent encore plus le baclage. A trop vouloir tout faire, il fait en tout cas de moins en moins bien la chose pour laquelle il était le plus doué.

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