Comme on ne peut pas vraiment juger un film sur 20minutes, quand bien même elles sont atroces, j'ai repris hier soir mon bâton de pèlerin et, oui oui, je l'ai vu jusqu'au boût ! Si il faut reconnaître à Yvan Attal un mérite, car il en a un, c'est celui de l'ambition. Le principe du film à sketch est déjà de base un exercice périlleux, les segments sont très différents les uns des autres, il y a un virage SF assez inattendu, alors que le Mossad envoie Gilles Lelouch dans le temps tuer Jésus (Kamoulox). Dans le même temps, on ressent au fil du film un vrai questionnement sur l'identité juive, ce qu'est être un juif en France, dans le monde, en général. Sur comment le poids de la famille et des traditions se mèle, parfois sournoisement, à celui de l'Histoire et des clichés. Il y a un film à faire sur ces questions. Mais ce n'est pas celui-ci. Vendu comme une comédie, critiqué comme "gênant", Ils sont Partout a indéniablement un gros problème de ton. Jamais drôle, très souvent glauque, le spectateur éberlué tombe dans des abîmes de malaisance. Le pire étant sans doute le segment avec DanyBoon, qui en terme d'ambiance revient à regarder le Violoneux Michel avec une kippa. La subtilité n'est en outre pas le fort d'Yvan Attal : qu'il manie lourdement la symbolique de la Shoah, punisse méchamment une Charlotte Gainsbourg vénale qui n'en méritait sans doute pas tant (mais aimer l'argent c'est sale, tu vois), ou nous gratifie d'une tirade finale sur la tolérance que n'aurait pas renié Patrick Sebastien, c'est un festival de gros sabots. Je parlais d'ambitions plus haut : le film n'en a malheureusement jamais les moyens. Évidement, le segment SF fout de le camps de tous les côtés, mais sinon, c'est un festival de décors moches cadrés de prêt. Les acteurs sont pas terribles (Poelvoorde en mode dépression), les meilleurs étant Bonneton et...Popeck. On remarquera d'ailleurs que le meilleur segment est aussi le plus simple : deux rabbins autour d'une table s'engueulent à propos du Talmud. C'est court, un peu surréaliste, gentiment amusant (miracle). Voilà. Je pense qu'Yvan Attal est un réalisateur capable. Je pense qu'il a des trucs à dire. Mais là, dans sa démarche, il s'est clairement pris les pieds dans la Torah.